La zone euro maintient la pression sur la Grèce pour poursuivre sur la voie de la rigueur, tandis que le pays a entamé officiellement les négociations avec ses créanciers privés pour réduire sa dette, a-t-on indiqué, hier, au du ministère grec des Finances. Au lendemain du déblocage par l'Eurogroupe d'une nouvelle tranche de prêt, sans laquelle la Grèce était en cessation de paiement, le ministère a relevé la détermination de la zone euro à ne laisser planer aucun doute sur l'engagement des dirigeants grecs à appliquer la cure de rigueur prescrite au pays. Pour débloquer les 8 milliards, prévus par le premier plan de soutien UE-FMI de mai 2010, les bailleurs de fonds avaient exigé des engagements écrits des chefs des partis socialiste, conservateur et d'extrême-droite soutenant le nouveau gouvernement de Lucas Papademos, pour s'assurer de la poursuite de la politique d'assainissement en vue des élections anticipées attendues au printemps. Mais, en tête des sondages après des mois d'opposition aux recettes de rigueur de l'UE-FMI, le conservateur Antonis Samaras ne s'y était résolu que du bout des lèvres. Le chef de la file de la zone euro, Jean-Claude Juncker, doit du coup écrire aux trois dirigeants pour signifier en toute clarté que l'engagement de la Grèce concerne le programme en cours et le prochain, que le pays doit appliquer pour rétablir ses finances en échange du deuxième plan de soutien de la zone euro élaboré fin octobre à Bruxelles, a précisé une source du ministère. Le nouveau gouvernement, qui a succédé le 11 novembre à l'équipe démissionnaire du socialiste Georges Papandréou, a par ailleurs donné lundi à Bruxelles le coup d'envoi officiel des négociations qu'il avait entamées avec ses créanciers privés en vue de l'effacement de 100 milliards de la dette publique grecque au prix d'une décote de 50% pour les prêteurs privés, a-t-on indiqué au ministère. Les négociations sont menées formellement entre la Grèce et l'organisation bancaire internationale IIF, mais impliquent aussi l'Eurogroupe, la Commission européenne, le FMI, la BCE et le FESF (Fonds monétaire international - Banque centrale européenne - Fonds soutien aux pays en difficulté de la zone euro), a-t-on précisé au ministère grec. Selon des déclarations à la presse grecque du ministre, Evangélos Vénizélos, citées par le ministère, l'Eurogroupe a décidé de faire avancer le plus rapidement possible la négociation sur cette opération et sur le nouveau programme économique pour la Grèce afin que les procédures concernées soient conclues en janvier. Dans ce cadre, Athènes doit commencer à négocier sur sa nouvelle feuille de route de rigueur avec la mission tripartie UE-FMI-BCE des bailleurs de fonds du pays après le sommet européen des 8 et 9 décembre, a-t-on précisé au ministère. En dépit d'une bronca sociale généralisée, et du coût de l'austérité en terme de récession et de chômage, le gouvernement grec de coalition aura ensuite pour mission de faire avaliser ce programme au parlement, en échange du déblocage par la zone euro du nouveau prêt de 130 milliards prévu d'ici 2014, en sus de la première perfusion de 110 milliards décidée en mai 2010.