Le ministre allemand des Finances a exclu, hier, une augmentation des garanties apportées au fonds de secours européen FESF par les membres de la zone euro, dictée par la dégradation de la note de neuf pays de la région, dans un entretien à la radio Deutschlandfunk. "Les garanties apportées au FESF suffisent largement pour ce qu'il a à faire au cours des prochains mois", a déclaré Wolfgang Schäuble, soulignant que "le FESF a dû déjà payer des taux plus élevés lors de ses dernières émissions. Ce qui signifie que cela ne dépend donc pas seulement de la notation" des pays qui s'en portent garants. La capacité de prêts du FESF est actuellement de 250 milliards d'euros environ sur une enveloppe initiale de 440 milliards, un montant insuffisant s'il fallait venir en aide à un pays comme l'Italie. En conséquence, la zone euro a décidé à l'automne d'augmenter sa force de frappe en mettant sur pied un système d'assurance qui est censé garantir 20 à 30% des prêts aux pays fragiles de l'Union monétaire, avec pour objectif d'attirer des investisseurs privés mais aussi publics d'autres régions du monde. Des espoirs jusqu'ici déçus. Avec la dégradation de la note de neuf Etats de la zone euro par l'agence de notation américaine Standard and Poor's, dont celle de la France qui a perdu son "triple A", la meilleure note possible, certains craignent de voir le FESF aussi perdre son "triple A". Certaines voix réclament qu'il soit en conséquence renforcé, ce qui a toutefois été exclu par la chancelière allemande dès vendredi. M. Schäuble a par ailleurs une nouvelle fois réclamé de revoir à la baisse l'influence des agences de notation et de "ramener leur rôle à ce qu'il est réellement", rappelant que l'Union européenne travaillait à des règles de transparence à leur égard pour éviter d'éventuels conflits d'intérêts. Le ministre, qui estime comme de nombreux responsables politiques européens que les dégradations par SP sont arrivés à contre-temps alors que l'Union européenne et la zone euro sont sur le point de signer un pacte budgétaire plus sévère et que de nombreux pays ont adopté des plans d'austérité, a aussi émis le soupçon que les agences de notation étaient guidées par la "compétition" qu'elles se livrent pour attirer "l'attention publique". Dans son communiqué vendredi, plus que l'absence de mesures d'économie c'est au contraire leur multiplication que SP a mis en avant pour expliquer sa décision de dégradation. L'agence de notation américaine a ainsi mis en garde contre une "lassitude face aux réformes, particulièrement dans les pays ayant connu une forte récession et où les perspectives de croissance restent faibles", avec les risques d'instabilité que cela représente.