Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a accusé hier le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso de "compliquer la situation" avec ses appels à une augmentation des capacités du Fonds de secours en zone euro. "Ces propositions isolées ne rendent pas la situation plus facile, mais la compliquent", a déclaré M. Schäuble, interrogé sur la radio Deutschlandfunk alors que les ministres des Finances de la zone euro doivent débattre de ce sujet lundi. M. Barroso avait mis la pression en demandant mercredi aux dirigeants des pays de l'Union européenne de décider début février au plus tard, lors d'un sommet européen, d'augmenter les capacités du dispositif. Et il a sommé l'Allemagne dans un entretien paru lundi "d'accepter le rôle de la Commission" européenne. Le ministre allemand des Finances a répété la position de Berlin, à savoir qu'il ne voyait "absolument aucune raison à court terme de débattre" d'une augmentation de l'aide, faisant valoir que jusqu'ici seule l'Irlande y avait eu recours. M. Schäuble a toutefois répété qu'il n'était pas opposé à une réflexion "à moyen terme". "Il ne s'agit pas d'élargissement ou d'augmentation mais d'assurer que la somme décidée en mai est effectivement à disposition", a-t-il déclaré. Un cabinet conseil allemand Kienbaum a fait paraître hier un sondage qu'il a réalisé auprès de 250 directions d'entreprises du 16 décembre au 12 janvier. Cette enquête tend à montrer qu'une majorité d'entreprises allemandes (57%) seraient favorables à l'augmentation des capacités du Fonds de secours en zone euro, même si cela engendrait des coûts plus élevés pour l'Allemagne. Une majorité plus importante (66%) se prononcent pour garder l'euro dans sa forme actuelle, avec les mêmes pays membres, selon le cabinet Kienbaum. Le Fonds est actuellement doté de 440 milliards d'euros de garanties des Etats de la zone euro et complété par des prêts du Fonds de monétaire international et de l'UE, mais il ne peut lever effectivement qu'environ 250 milliards d'euros, en raison des sommes qu'il doit garder en réserve pour obtenir des taux attractifs. Le gouvernement allemand répugne à soutenir une augmentation radicale des capacités du Fonds, de peur d'indisposer l'opinion publique à l'approche d'une série d'élections régionales cruciales. "Il n'est pas envisageable que seulement la France et l'Allemagne augmentent leurs garanties, il faut aussi que les pays concernés résolvent leurs problèmes d'endettement", a encore dit M. Schäuble. Les ministres des Finances de la zone euro devaient examiner hier lors d'une réunion les moyens de mieux faire face à la crise de la dette qui menace toujours, en augmentant par exemple la capacité de leur Fonds de secours financier, alors que la cacophonie se poursuit sur ce sujet. Les grands argentiers des 17 pays de l'Union monétaire se retrouvent à partir de 17H00 (16H00 GMT) à Bruxelles. Ils devraient essayer d'avancer dans leurs discussions sur une hausse rapide du Fonds d'aide pour les pays de la zone euro en difficulté, créé au printemps dernier. Les débats sur ce sujet se sont accélérés. Mais les déclarations contradictoires se succèdent depuis une semaine, signe des divergences entre Européens, au moins sur l'urgence ou non d'agir. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a demandé mercredi dernier aux dirigeants des pays de l'UE de prendre une décision début février au plus tard, lors d'un sommet européen, pour "renforcer" la "capacité effective de prêt" du dispositif et "élargir" le "champ d'action de ses activités". Bruxelles a suggéré, lors d'une réunion d'experts européens la semaine dernière, soit d'augmenter le montant du Fonds, soit de renforcer la capacité de prêt du Fonds sans changer l'enveloppe globale, selon une source proche de M. Barroso.