Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble s'est voulu rassurant, hier, sur la dégradation par Standard & Poor's (S&P)de neuf pays de la zone euro, mais les discussions sur le deuxième plan d'aide grec étant dans l'impasse, la pression semble s'accroître sur les finances des Etats européens. La France et l'Autriche devraient pouvoir se remettre de cette déconvenue. Mais le vent d'optimisme qui a soufflé, jeudi dernier, sur le marché après une adjudication de dette espagnole très réussie semble déjà un lointain souvenir. «La crise de la zone euro domine à nouveau l'activité du marché, après une période où des signes d'amélioration de l'économie aux Etats-Unis et d'assouplissement de la politique monétaire en Chine avaient permis aux marchés de progresser», relève Domici Rossi, de Fidelity worldwide investment. La dégradation annoncée par S&P risque d'accentuer les difficultés des pays utilisant la monnaie unique dans la mesure où elle risque d'accroître les coûts de financement sur les marchés d'un certain nombre d'Etats. Les investisseurs s'inquiètent notamment des conséquences de la décision de S&P sur le Fonds européen de stabilité financière (FESF), le fonds de secours de la zone euro, qui pourrait ne conserver sa note maximale qu'au prix d'une augmentation des garanties des pays encore notés «AAA» ou bien d'une réduction de sa capacité de prêt. Wolfgang Schäuble a assuré, hier, que les 211 milliards d'euros de garanties allemandes pour le FESF étaient suffisantes. «C'est suffisant. Les chefs d'Etat et de gouvernement ont décidé [...] que le Mécanisme européen de stabilité (MES), fonds permanent, succéderait au FESF dès cette année», a-t-il dit au micro de la radio allemande Deutschlandfunk. «Pour le travail qui incombe au FESF dans les mois à venir, la somme des garanties est largement suffisante.» Concernant les négociations entre la Grèce et ses créanciers, Athènes discute depuis des mois avec ses créanciers privés d'un échange de dette, condition essentielle à la mise en place d'un deuxième plan d'aide de 130 milliards d'euros des bailleurs de fonds internationaux de la Grèce, sans lequel le pays risque de faire défaut autour du 20 mars. «A ce stade, il y a un risque croissant que la restructuration (de la dette grecque) soit coercitive plutôt que volontaire, même si cette dernière option reste notre scénario de base», souligne Joachim Fels, économiste de Morgan Stanley. Dans ce contexte lourd d'incertitudes, l'appétit des investisseurs pour les adjudications de dette en Europe risque d'être scruté à la loupe. Le rendement des obligations françaises à 10 ans s'est tendu de 3 points de base (pdb) à 3,12%, tandis que ceux des titres espagnols et italiens de même échéance grimpaient respectivement de 11 pdb à 5,35% et de 14 pdb à 6,80%. Reuters