Un millier de combattants d'Al-Qaïda ont pris sans grande résistance, hier, le contrôle de la ville de Radah dans le centre du Yémen, se rapprochant de la capitale Sanaa après avoir conforté leur présence dans le sud et l'est du pays. Le réseau extrémiste profite de plus en plus de l'affaiblissement du pouvoir central à Sanaa pour gagner du terrain, le pays étant en pleine crise après la révolte populaire contre le président Ali Abdallah Saleh qui a dû transférer en novembre le pouvoir à son vice-président. Dimanche soir, un millier d'hommes armés ont attaqué Radah dans la province de Bayda, à 130 km au sud-ouest de Sanaa, selon des sources concordantes. Ils ont attaqué la prison centrale et libéré plus d'une centaine de détenus, dont des membres d'Al-Qaïda, a précisé un responsable local. Les combattants d'Al-Qaïda sont désormais à deux heures de route de Sanaa et peuvent contrôler le nœud routier stratégique qui relie la capitale aux régions du sud et du sud-ouest du Yémen. "Al-Qaïda a pris le contrôle de Radah" avant l'aube, a déclaré un responsable de la province de Bayda qui a requis l'anonymat. Les forces gouvernementales se sont retirées vers leurs bases et les combattants extrémistes les ont remplacées sur les barrages de contrôle de la ville. Deux militaires ont été tués en tentant de s'opposer à l'assaut contre la prison, seule résistance aux combattants intégristes dans la prise de la ville, selon le responsable local. "Il n'y a presque pas eu de combats", a dit un chef tribal. La ville a été prise en quelques heures. Ils ont également pris le quartier général de la police et saisi deux véhicules de la police équipés de mitrailleuses. En mai dernier, des centaines de combattants se réclamant des "Partisans de la Charia", un groupe lié à Al-Qaïda, avaient pris sans coup férir le contrôle de Zinjibar, capitale de la province sudiste d'Abyane. Ils avaient aussi étendu leur contrôle à d'autres secteurs de la province et de celle voisine de Chabwa. L'opposition avait alors accusé M. Saleh, au pouvoir chancelant, d'avoir livré la ville aux extrémistes pour agiter devant l'Occident le spectre d'Al-Qaïda. Le chef tribal Tarek al-Fadli, qui a pris le parti des extrémistes, a appelé les autorités à "une solution politique avec Al-Qaïda dans la péninsule arabique" (Aqpa), issue de la fusion des branches saoudienne et yéménite du réseau. En août, le Conseil de sécurité de l'ONU avait exprimé ses "graves inquiétudes" face au risque qu'Al-Qaïda exploite la vacance du pouvoir pour renforcer son emprise sur le Yémen.