Les cours du pétrole étaient en hausse, hier, en Asie, au lendemain d'un accord entre dirigeants européens sur une nouvelle discipline budgétaire et après la publication d'indicateurs économiques positifs en provenance du Japon, ont indiqué des courtiers. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mars gagnait 54 cents à 99,32 de dollars le baril dans les échanges électroniques du matin. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars augmentait de 40 cents à 111,15 de dollars. "Les cours du pétroles montent essentiellement sous l'effet des données économiques japonaises positives qui montrent une hausse des dépenses" des ménages, a noté Ken Hasegawa de la maison de courtage Newedge à Tokyo. La consommation des ménages au Japon a augmenté en décembre, de 0,5% sur un an, pour la première fois depuis le séisme du 11 mars 2011. Les dépenses de consommation des ménages salariés, qui représentent environ 60% du total, ont grimpé de 0,9% en termes réels sur la même période. En outre la production industrielle nippone, en recul de 3,5% en 2011 à cause des conséquences du séisme du 11 mars, d'une mauvaise conjoncture mondiale et de la cherté du yen, a rebondi en décembre. En récession au printemps et à l'été, la troisième puissance économique mondiale a retrouvé le chemin de la croissance entre juillet et septembre mais son redémarrage pourrait être entravé par le manque de dynamisme des dépenses des ménages. Les marchés continuent par ailleurs à surveiller de près la crise de la dette souveraine dans la zone euro. Les dirigeants européens ont adopté, avant-hier soir, un nouveau pacte de discipline budgétaire fortement inspiré par l'Allemagne et demandé un accord très rapide pour sauver la Grèce de la faillite. Vingt-cinq des vingt-sept pays de l'Union européenne (sauf République tchèque et Grande-Bretagne) ont accepté d'inscrire dans leurs législations une règle d'or sur le retour à l'équilibre budgétaire et des sanctions quasi-automatiques en cas de dérapages des déficits publics. Quant à la Grèce, engluée dans la récession et plus que jamais sous perfusion financière de l'extérieur, elle espère un accord global d'ici la fin de la semaine sur la restructuration de sa dette. Athènes attend le déblocage du second plan d'aide d'un montant de 130 milliards d'euros, promis par les Européens en octobre dernier. Cette aide est vitale pour la Grèce qui doit rembourser 14,5 milliards d'euros de prêts le 20 mars, faute de quoi elle sera en cessation de paiements. Mais le pays doit en parallèle boucler des négociations avec ses créanciers privés pour réduire sa dette de 100 milliards d'euros. Le brut finit en baisse, le sommet européen ne rassurant pas Les prix du pétrole ont terminé en recul la veille à New York, dans un marché préoccupé par des négociations interminables sur la dette grecque et un sommet européen qui peinait à rassurer les investisseurs. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mars a cédé 78 cents par rapport à la clôture de vendredi, à 98,78 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A la clôture, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars a terminé à 110,75 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 71 cents par rapport à la clôture de vendredi. Les cours de l'or noir avaient affiché un repli dès l'ouverture de la séance, dans le sillage des places boursières, de moins en moins enclines à prendre des risques, inquiètes de la crise de la dette en zone euro malgré un nouveau sommet à Bruxelles. "C'est un jour de baisse pour l'ensemble des marchés et le marché du brut n'est pas une exception", a commenté Matt Smith de Summit Energy (Schneider Electric) "Il y a eu des efforts rhétoriques en Iran pour apaiser les tensions, mais ce sur quoi le marché a été focalisé aujourd'hui, c'est l'Europe, parce que l'on continue de tenter de résoudre les mêmes problèmes, et plus l'on avance dans le temps, plus on a l'impression que l'on se dirige vers une impasse dans le dossier du refinancement de la dette grecque", a-t-il ajouté. En outre, "le fait que les Allemands soient en train d'essayer de jouer un rôle plus important, cela renforce (cette) impression d'impasse et c'est cela qui a joué sur les prix aujourd'hui", a relevé M. Smith. Le fait que "les dirigeants européens doivent se rencontrer aujourd'hui et définir des mesures de réduction de déficits (...) fait craindre, non sans raison, que le problème auquel ils s'attaquent est un problème monstre qui va continuer à les empoisonner encore, et encore, et encore.... ce qui fait baisser l'euro, fait disparaître le goût du risque, et fait baisser le (cours) du brut", a résumé M. Smith. Les dirigeants européens ont entamé une réunion dans un climat quelque peu tendu après une proposition de l'Allemagne préconisant de mettre la Grèce sous tutelle budgétaire. Berlin est en effet réticente à accepter le versement, promis, à Athènes de nouveaux prêts sans un contrôle renforcé sur la politique menée par le pays. Or sans cette aide, la Grèce pourrait être en cessation de paiements mi-mars. En parallèle, Athènes n'a toujours pas trouvé d'accord avec ses créanciers privés sur l'effacement d'une partie de son énorme dette. A Bruxelles, le président français Nicolas Sarkozy a cependant fait état de "bons espoirs" d'un accord définitif dans quelques jours. Toujours au sommet de Bruxelles les pays de l'Union européenne, à l'exception de la Grande-Bretagne et de la République tchèque, ont adopté en soirée un nouveau traité renforçant leur discipline budgétaire, avec l'introduction prévue partout de "règles d'or" sur l'équilibre, a annoncé vers 21H GMT le président de l'UE. Le renchérissement sensible du dollar face à un euro sous pression rendait moins attractifs les achats de pétrole, libellés dans la monnaie américaine, pour les investisseurs munis d'autres devises, ce qui contribuait également à tirer les prix du baril vers le bas. Les investisseurs continuent en outre de surveiller l'Iran, même si les dangers pour l'offre mondiale de brut ne semblent plus immédiats. Le Parlement iranien a reporté un débat, initialement prévu dimanche, sur une éventuelle interdiction immédiate de la vente de pétrole à l'Europe, en réponse à des sanctions occidentales pour contraindre le pays à renoncer à son programme nucléaire. L'embargo décidé par l'UE doit être mis en place progressivement d'ici à juillet pour laisser le temps à ses membres de trouver des sources d'approvisionnements alternatives.