Le duel entre les deux favoris de la présidentielle, François Hollande et Nicolas Sarkozy, est lancé depuis l'entrée en lice du candidat-président, leurs challengers Marine Le Pen et François Bayrou donnant des signes d'essoufflement. Le chef de l'Etat n'a cependant effectué qu'une petite percée d'un point dans les deux sondages effectués après l'annonce de sa candidature, mercredi, et les cartes peuvent être encore rebattues en deux mois de campagne. "La bipolarisation, c'est le sentiment du moment mais ce n'est pas définitif. Il y a encore beaucoup d'indécision, ça peut encore bouger, on est à deux mois du premier tour", estime ainsi Jean-François Doridot, directeur d'Ipsos Public Affairs. En revanche, pour le sondeur, la bipolarisation est clairement une condition de la remontée du chef de l'Etat. "Il faut absolument qu'il éloigne Marine Le Pen et François Bayrou pour convaincre son propre camp qu'il peut encore gagner. Dans les 15 jours qui viennent, il faut qu'il puisse envoyer un signal en ce sens", dit-il. Si l'entrée en lice du président sortant lui a permis de réduire l'écart avec le candidat socialiste, la reconquête s'annonce ardue, à en croire les dernières enquêtes. "Si cette séquence a bien permis au président de réduire sensiblement l'écart avec son rival socialiste, surtout au premier tour, il lui reste un retard très important à rattraper sur celui-ci, surtout au second tour", souligne Gaël Sliman, directeur de l'institut BVA. De plus, l'annonce de sa candidature "n'a pas vraiment convaincu, hormis son socle électoral UMP", ajoute-t-il. Hollande gêné par Mélenchon ? Selon l'enquête BVA, diffusée, avant-hier, le président-candidat n'a pas été jugé convaincant par 53% des sondés (contre 46%) lors de sa déclaration de candidature. Pour Gaël Sliman, François Hollande perd trois points mais par rapport à une mesure de janvier, effectuée juste après sa très bonne séquence du meeting du Bourget. Le candidat socialiste "pâtit vraisemblablement de la poussée" du candidat du Front de gauche Jean-Luc Mélenchon, qui gagne un point et atteint les 9% d'intentions de vote après une bonne campagne, explique-t-il.* Au premier tour, François Hollande reste solidement en tête à 31%, contre 26% à Nicolas Sarkozy. Il domine toujours le chef de l'Etat dans un rapport 56/44 au second tour, où l'écart se réduit à peine. Dans un sondage Ifop-Fiducial publié jeudi, également après la déclaration de candidature, Nicolas Sarkozy gagne un point, à 26,5%, pour le premier tour et le candidat socialiste perd un demi-point, à 29,5%. Au deuxième tour, François Hollande battrait toujours Nicolas Sarkozy, mais avec une marge plus faible (56-44 contre 57-43 mercredi). Dans les deux sondages, la présidente du Front national Marine Le Pen se stabilise (15% pour BVA et 17% pour Ifop), de même que le candidat centriste François Bayrou (13%, +1 pour BVA, 11,5% pour l'Ifop.) Mais pour Gaël Sliman, les deux challengers "donnent tous deux des signes d'essoufflement" et sont désormais à plus de 10 points du second, Nicolas Sarkozy, à respectivement à 11 et 13 points. Dans Le Monde daté, d'avant-hier, Pascal Perrineau, directeur du centre de recherches politiques de Sciences Po, estime que "sans être remisé au rayon des accessoires", l'hypothèse d'une qualification de Marine Le Pen au second tour "s'éloigne". François Bayrou, de son côté, mise sur l'effondrement de la présidente du FN et refuse d'imaginer son élimination au premier tour. "Il n'y a que trois candidats éligibles parmi ceux qui restent", dit-il dans Le Parisien, d'avant-hier. Jean-François Doridot se veut prudent sur les chances du président du MoDem : "François Bayrou a construit sa percée sur la déception par rapport à Nicolas Sarkozy et François Hollande mais on ne peut pas dire que son tassement est définitif.