Les cours du pétrole s'affichaient en légère baisse, avant-hier, en Asie, en raison de prises de bénéfices après la hausse de la veille, ont indiqué les analystes. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en avril perdait 1 cent, à 108,83 USD, dans les échanges électroniques du matin. Le Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance cédait 22 cents à 125,98 USD. "Il y a un petit mouvement de prises de bénéfices (...) mais la montée des inquiétudes sur l'Iran va continuer de fournir un plancher élevé aux prix du pétrole", a déclaré Victor Shum, analyste chez Purvin et Gertz. Pendant la nuit, les cours ont connu une brève poussée en raison de rumeurs (démenties depuis) d'un incendie sur un oléoduc en Arabie saoudite susceptible de perturber les livraisons de brut. "La réaction du marché à cette nouvelle montre que le marché est vraiment très sensible à tout ce qui touche des perturbations de livraisons", a ajouté Victor Shum. Les cours restent nerveux, sur fond de tensions croissantes avec l'Iran, gros producteur d'or noir. Washington affirme que "toutes les options sont sur la table" face à l'Iran mais estime que le régime islamique n'a pas entrepris de construire une arme nucléaire. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui doit rencontrer Barack Obama lundi, a déclaré cette semaine que le dossier iranien serait le "principal sujet" de ses entretiens avec le président américain. Israël souffle le chaud et le froid sur une attaque préventive contre le programme nucléaire iranien, dont l'Etat hébreu se dit persuadé qu'il est à visée militaire malgré les dénégations de Téhéran. La veille, le pétrole avait terminé en hausse en raison de bonnes statistiques américaines et des tensions avec l'Iran. Le brut recule nettement en Europe Les prix du pétrole accentuaient leur repli en fin d'échanges européens, plombés par des prises de bénéfices après avoir bondi la veille à Londres à un sommet depuis juillet 2008 suite à l'annonce, vite démentie, d'une explosion d'oléoduc en Arabie saoudite. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril s'échangeait à 123,86 dollars, en baisse de 2,34 dollars par rapport à la clôture de la veille. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance abandonnait 2,33 dollars à 106,51 dollars. La veille, le Brent est monté jusqu'à 128,40 dollars, un sommet depuis le 23 juillet 2008, tandis que le WTI se hissait à 110,55 dollars, son plus haut niveau depuis début mai 2011. Les cours du baril ont fortement reflué dès les minutes suivantes, l'information apparaissant rapidement erronée. Les rumeurs sur l'explosion de l'oléoduc ont provoqué un vif mouvement d'achat, mais il y a eu des démentis de sources officielles en Arabie saoudite, et, avant-hier, les prix se repliaient sensiblement dans un marché essoufflé, commentait Gary Hornby, analyste de la société énergétique Inenco. Cependant, les prix du pétrole n'ont abandonné que la moitié des gains enregistrés la veille, et ce malgré le démenti saoudien. Même si les rumeurs venaient à l'origine d'Iran, ce qui jetait une ombre sur leur crédibilité, le marché croit clairement à un danger accru de perturbations dans la production de brut au Moyen-Orient, soulignaient les experts de Commerzbank. L'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de brut, s'est engagé auprès des pays occidentaux à compenser tout manque de pétrole iranien sur le marché, s'attirant les foudres de Téhéran. L'Iran menace d'interrompre immédiatement ses livraisons d'or noir à l'Europe, bien avant la mise en place en juillet de l'embargo de l'Union européenne (UE) décidé en janvier, contribuant à exacerber les inquiétudes sur l'offre mondiale de brut. Ainsi, la vitesse et le niveau auxquels les prix sont montés montrent que le marché du pétrole bruisse d'inquiétudes multiples et en particulier l'escalade des tensions avec l'Iran, expliquait Rebecca O'Keeffe, analyste de la maison de courtage Interactive Investor. Pour Mme O'Keeffe, comme pour de nombreux observateurs, un prix du baril londonien au-dessus de 125 dollars est une menace pour les perspectives de l'économie mondiale, car des prix élevés des carburants seraient un frein considérable à une croissance économique déjà fragile. Sur le front de la demande, la morosité des opérateurs était par ailleurs alimentée, avant-hier, par un repli inattendu des ventes de détails en Allemagne, de nature à renforcer les craintes sur la vigueur de la première économie européenne. De plus, un fort renchérissement du dollar face à l'euro contribuait à rendre moins attractifs les achats de brut, libellés dans la monnaie américaine, pour les investisseurs munis d'autres devises. Le brut finit en baisse à New York, le marché reste attentif à l'Iran Les cours du pétrole ont fini la semaine en baisse à New York sur fond de situation budgétaire toujours fragile en Europe, dans un marché attentiste sur le dossier iranien. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en avril a cédé 2,14 dollars par rapport à la veille sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), finissant à 106,70 dollars. Les cours avaient gagné trois dollars la veille en quelques minutes après la clôture à New York dans la foulée de l'annonce par la télévision iranienne de l'explosion d'un oléoduc en Arabie saoudite, avant que Ryad ne démente. Hier on a particulièrement testé la volatilité du marché, on a vu combien on était fragile quand la télé iranienne a fait cette annonce, a noté Rich Ilczyszyn, d'Itrader.com. Toutefois, le président américain Barack Obama a fait un peu baisser les cours avec les propos prudents qu'il a livrés au magazine The Atlantic, a observé John Kilduff, d'Again Capital. Face à son allié israélien qui souffle le chaud et le froid depuis des mois sur une intervention militaire unilatérale pour enrayer le programme nucléaire de la république islamique, M. Obama a mis en garde Israël contre toute action qui permettrait à l'Iran de se présenter en victime. A moins d'un réel développement majeur, ce sera dur pour le baril de se hisser au-delà des 110 dollars, a estimé M. Kilduff. De plus, l'euro est plus faible, ce qui entraîne un renchérissement du dollar, a noté l'analyste. Or, la hausse du billet vert face à l'euro contribue à rendre moins attractifs les achats de brut, libellés dans la monnaie américaine, pour les investisseurs munis d'autres devises. En Europe, la révision en nette hausse de la prévision de déficit budgétaire de l'Espagne pour 2012 a pesé, tout comme l'érosion des ventes au détail en Europe, a dit M. Kilduff. Le marché ne croit pas que la Grèce va vraiment éviter le défaut de paiement, il faut attendre plusieurs semaines encore, a-t-il souligné.