On parle beaucoup de démocratie mais on occulte ses implications sur la solidarité. Y a-t-il une implication obligatoire ? Mêmes implications de la démocratie autant dans l'espace occidental que dans l'espace arabe par exemple ? Des différences dues aux systèmes politiques ou aux systèmes économiques ? Il ne semble pas que de telles questions vont être abordées au cours de la campagne électorale à venir. On utilise bien le concept de solidarité, mais ce sont pratiquement seuls les islamistes qui pratiquent le monopole sur son intégration dans les discours tout en l'intégrant sur le terrain de l'action dans les activités de leurs associations caritatives. Dans ces conditions, les islamistes inversent le sens de la question. C'est surtout la solidarité qui produit des implications politiques. On parle beaucoup de démocratie, mais uniquement au sein de la classe politique. Et pourtant, dans tous les discours de meeting, les orateurs l'utilisent sans qu'ils ne soient certains que les populations en saisissent le sens. Les démocrates, ou plutôt les non islamistes, parlent de relance de l'économie, mais les islamistes ne subordonnent rien à rien. Ils subordonnent tout à leur élection, et cela suffit comme programme économique. Les islamistes sont plus à l'aise dans les campagnes électorales. Ils lient la solidarité à la religion, mais pas à la laïcité. Ils lient la solidarité sociale à la justice, et ils lient la justice à la religion. De chaque coté qu'ils abordent le social, on aboutit à la religion sans que l'intention soit démontrée qu'il s'agisse de mettre la religion à la disposition de la politique. Cela fait partie de la tradition nationale, c'est-à-dire que les populations invoquent la religion en tout dans la vie sociale. Les islamistes sont obligatoirement en avance sur ce plan par rapport aux populations.