Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a critiqué, hier, le président syrien Bachar al-Assad pour les gros retards à appliquer des réformes afin de tenter de mettre fin au conflit dans ce pays allié de Moscou. Le régime du président Assad a introduit de bonnes réformes qui renouvellent le système et l'ouvrent au pluralisme, mais cela est fait avec un gros retard, a déclaré M. Lavrov lors d'une séance de questions-réponses à la chambre basse du Parlement (Douma). Malheureusement, tous nos conseils, et de loin, n'ont pas été suivis d'effet, et n'ont pas toujours été mis en pratique en temps voulu, loin de là, a-t-il ajouté. Notre objectif, c'est d'arriver à la paix en Syrie, de sauver des vies, d'éviter une explosion interconfessionnelle dans la région du Proche-Orient, a souligné M. Lavrov. La Russie ne défend pas le régime mais la justice M. Sergueï Lavrov, a estimé que Moscou, allié de Damas, ne défendait pas le régime syrien de Bachar al-Assad mais la justice. C'est au peuple de décider qui doit être au pouvoir en Syrie. Nous ne défendons pas le régime mais la justice, le droit souverain des Syriens à faire eux-même un choix de manière démocratique, a déclaré M. Lavrov, lors d'une séance de questions-réponses à la chambre basse du Parlement (Douma). Nous sommes pour un cessez-le-feu immédiat et coordonné par toutes les parties sous un contrôle international impartial, a ajouté M. Lavrov, réitérant la position de la Russie. Il a également indiqué que les armes vendues par la Russie à la Syrie n'étaient pas utilisées contre les civils. Nous ne livrons pas à la Syrie des armes qui sont utilisées contre les manifestants, les civils. Ce que nous vendons à la Syrie, ce sont des armes indispensables pour la défense nationale, la sécurité nationale, a-t-il ajouté. Allié de la Syrie depuis la période soviétique, la Russie continue de lui vendre des armes en dépit des protestations de certains pays occidentaux. Moscou a rejeté la semaine dernière un nouveau texte américain au Conseil de sécurité exigeant du régime l'arrêt immédiat des violences et appelant l'opposition à s'abstenir de toute violence au cas où le pouvoir se plierait aux exigences de cette résolution. L'armée contrôle totalement la ville d'Idleb L'armée syrienne a pris le contrôle total de la ville rebelle d'Idleb, dans le nord-ouest du pays, au terme d'un assaut qui a duré quatre jours et a poussé les insurgés à se retirer, a affirmé, hier, un militant. Depuis hier soir (mardi), il n'y a plus de combats, l'Armée syrienne libre (ASL) s'est retirée et l'armée régulière a pris d'assaut toute la ville et mène des perquisitions maison par maison, a affirmé Noureddine al-Abdo, militant local dans la ville. L'armée poursuit ses arrestations jusqu'à ce matin, dit-il. L'ASL a préféré se retirer. Tout le monde sait qu'elle est incapable de faire face à (la puissance de feu) de l'armée, a ajouté le militant. Trois jours après le début de l'opération d'envergure dans la ville d'Idleb (...) celle-ci s'est terminée en un temps record, a affirmé le quotidien privé Al-Watan, proche du pouvoir. Le contrôle d'Idleb intervient deux semaines après la reprise de Baba Amr, quartier rebelle de la ville de Homs (centre) repris par l'armée le 1er mars après un mois de bombardements meurtriers qui ont fait des centaines de victimes. Les militants craignaient depuis plusieurs jours que la ville d'Idleb ne subisse le même sort. Selon les militants, le fait qu'Idleb n'ait pas autant résisté que Baba Amr s'explique notamment par le manque d'équipement: alors que les armes parvenaient en abondance à Baba Amr, en provenance notamment du nord du Liban frontalier de la province de Homs, cela n'a pas été le cas pour Idleb. Les rebelles d'Idleb ne recevaient pas d'armes. Ce dont ils disposaient, c'était essentiellement les armes que les déserteurs avaient amenées avec eux, indique M. Abdo. Les combattants rebelles, essentiellement des déserteurs équipés d'armes légères et moyennes, répètent souvent qu'ils peinent face à l'artillerie lourde des forces régulières. La Ligue arabe exige une enquête sur les violences Les forces syriennes ont tué, avant-hier, des dizaines de personnes aux abords d'une mosquée de la ville d'Idleb, près de la frontière turque, ont rapporté des opposants armés. Pour sa part, la Ligue arabe a réclamé l'ouverture d'une enquête internationale sur les tueries de civils en Syrie. "Il doit y avoir une enquête internationale neutre pour faire la lumière sur ce qui se passe, identifier les responsables de ces crimes et les traduire devant la justice", a déclaré dans un communiqué le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Elarabi. "A propos des tueries, de l'élimination horrible de familles entières, parmi lesquelles des femmes, des enfants et des personnes âgées, l'on peut parler de crimes contre l'humanité", a ajouté M. Elarabi. Le président du Conseil national syrien (CNS, opposition en exil), Bouhran Ghalioune, avec qui M. Annan a eu des contacts à Ankara, a déclaré que l'objectif était d'obtenir une solution politique et diplomatique, faute de quoi des gouvernements étrangers mettraient à exécution leurs promesses d'armer les rebelles. Deux pays sunnites, l'Arabie saoudite et le Qatar, ont notamment demandé que des armes soient livrées aux opposants. Kofi Annan a reçu une réponse du président Bachar al-Assad L'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe en Syrie Kofi Annan a reçu, avant-hier, une réponse du président syrien Bachar al-Assad à ses propositions pour régler la crise, a indiqué le porte-parole de M. Annan, Ahmad Fawzi. Ils ont répondu, nous examinons leurs réponses, nous n'avons pas d'autre commentaire pour le moment, s'est contenté de dire M. Fawzi, sans donner de précision sur la teneur des réponses. M. Annan avait annoncé, dimanche dernier, avoir présenté au président Assad une série de propositions concrètes pour régler la crise en Syrie. Il avait précisé que ses entretiens à Damas étaient centrés sur la nécessité d'un arrêt immédiat des violences et des meurtres, d'un accès aux organisations humanitaires et d'un dialogue. Interrogé à Ankara en Turquie, avant-hier matin, il a déclaré: une fois la réponse (du président Assad) obtenue, nous saurons comment réagir, tout en réaffirmant que les meurtres et les violences doivent cesser en Syrie. Il est ridicule d'organiser des élections au milieu des violences Les Etats-Unis ont jugé ridicule l'idée d'organiser, au milieu des violences, des élections législatives en Syrie, comme annoncé, avant-hier, par le président syrien Bachar al-Assad. Des élections législatives, pour un parlement qui n'est qu'une chambre d'enregistrement, au milieu des violences que l'on peut voir à travers le pays, c'est ridicule, a déclaré à des journalistes la porte-parole du département d'Etat américain, Victoria Nuland. Selon l'agence de presse officielle Sana, le président Assad a émis un décret fixant les élections de l'Assemblée du peuple (parlement) au 7 mai prochain. Les législatives qui devaient se tenir en septembre 2011 avaient été reportées en raison du processus de réformes annoncées par le président Assad dans la foulée de la contestation sans précédent contre son régime. La première étape doit être que le régime syrien fasse taire ses canons, a rétorqué la porte-parole de la diplomatie américaine. En supposant que cela se produise, nous nous attendrions à ce que tout le monde baisse les armes, a-t-elle poursuivi.