La rencontre entre le président syrien Bachar al-Assad et l'émissaire international Kofi Annan, hier, à Damas se déroulait dans une ambiance positive, a rapporté la télévision d'Etat syrienne. Selon la chaîne, une ambiance positive règne sur la rencontre entre le président Assad et l'émissaire du chef de l'ONU Kofi Annan, venu négocier un cessez-le-feu dans les violences qui ont fait des milliers de morts en un an. La mission de l'émissaire international pour la Syrie intervient alors que les forces gouvernementales bombardaient violemment la ville d'Idleb, bastion rebelle dans le nord-ouest du pays, en prélude à un assaut d'envergure. Il s'agit des bombardements les plus violents depuis l'envoi de renforts de troupes cette semaine à Idleb. C'est un prélude à un début d'assaut, a indiqué Rami Abdel Rahmane, chef de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Avant sa mission, M. Annan avait mis en garde contre davantage de militarisation en Syrie qui aggraverait la situation dans ce pays, une position répétée par les Etats-Unis et la France. Selon le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, M. Annan devait quitter Damas dimanche après des rencontres avec des responsables gouvernementaux et de la société civile. Il se rend ensuite dans d'autres pays de la région pour rencontrer des dirigeants de l'opposition hors de Syrie. M. Ban a fait état de trois priorités pour la mission Annan: un cessez-le-feu immédiat, une solution politique globale et un accès et une aide humanitaires. Au Caire, parallèlement, le comité de la Ligue arabe sur la Syrie s'est réuni au siège de l'organisation panarabe, avant une réunion des ministres arabes des Affaires étrangères avec le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Les pays arabes sont critiques de la position russe sur la Syrie. M. Lavrov a mis en garde contre toute ingérence grossière dans le conflit en Syrie lors d'une rencontre avec M. Annan la veille au Caire, a indiqué, hier, le ministère russe des Affaires étrangères. Une dizaine d'officiers dont plusieurs généraux désertent l'armée Une dizaine d'officiers de haut rang de l'armée syrienne, dont plusieurs généraux et colonels, ont fait défection et trouvé refuge en Turquie, ont indiqué la veille la presse officielle turque et l'opposition syrienne. Parmi eux, quatre généraux et deux colonels notamment, se trouvaient à Damas, Homs (centre) et Lattaquié (nord-ouest), a précisé l'agence turque, citant des sources locales en Turquie. Un responsable de l'opposition syrienne à Paris, Fahd al-Masri, a souligné que d'autres officiers supérieurs avaient également déserté l'armée et s'étaient réfugiés en territoire turc. Au total, six généraux de brigade, quatre colonels, un lieutenant-colonel, un commandant et une femme lieutenant ont fait défection ces dernières 48 heures et se sont réfugiés en Turquie, dans un camp pour officiers déserteurs, a dit M. Masri, conseillé au Conseil militaire révolutionnaire supérieur. Plusieurs d'entre eux sont de la province d'Idleb, à la frontière turque, où des troupes ont été envoyées pour une éventuelle offensive contre les rebelles, a-t-il dit. Ils vont se rallier à l'Armée syrienne libre (ASL) du colonel déserteur Riad Assaad, et au Conseil militaire révolutionnaire supérieur, créé par le général déserteur Moustapha al-Cheikh, selon lui. La militaire est la première femme à faire défection. Mais selon des militants, les défections doivent être plus importantes en nombre et en grade pour ébranler l'armée, toujours fidèle au régime de Bachar al-Assad qui réprime dans le sang depuis un an une révolte populaire sans précédent. Les défections ne pourront avoir du poids que lorsque des brigades et divisions entières comptant des milliers de soldats et d'officiers, déserteront l'armée, a dit M. Masri. Cela n'arrivera pas tant que la communauté internationale hésite à imposer un embargo aérien et à armer (les rebelles). Parier sur d'importantes défections au sein de l'armée est très difficile (...) C'est une armée idéologique dans le sens où tous les officiers sont membres du parti Baas au pouvoir, a expliqué Rami Abdel Rahmane, chef de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). La loyauté au régime est très grande, la peur aussi, d'autant plus que des milliers de soldats sont emprisonnés. Ceux-là, on n'en parle pas, a-t-il ajouté. Les Syriens ayant trouvé refuge en Turquie sont hébergés dans des camps à Hatay (sud) où sont aussi basés des membres de l'ASL qui a mené plusieurs opérations meurtrières contre l'armée syrienne. Au total 12 100 Syriens ont trouvé refuge depuis le début en mars 2011 de la révolte en Syrie, selon un dernier bilan officiel turc. La Turquie, qui a une longue frontière commune avec la Syrie, a rompu avec son ancien allié syrien du fait de la sanglante répression de la contestation.