Tôt ou tard, le gaz prendra la place du pétrole. Grâce à sa disponibilité et aux innombrables atouts qu'il possède, notamment pour ce qui est de l'économie et la protection de l'environnement, la consommation de gaz est en constante augmentation. Rien que les pays du pourtour méditerranéen la consommation de cette énergie fossile a été multipliée au moins par dix. Elle est passé de 27 milliards de m3 en 1971 à environ 290 GM3 en 2005. Autrement dit, la part de la contribution du gaz dans le bilan énergétique de la région a lui aussi progressé. Il est passé de 6% à 26 % de la consommation totale d'énergie durant la même période. Des chiffres qui pourraient être facilement revus à la hausse si le réseau méditerranéen interconnecté dans les secteurs du gaz et de l'électricité est un plus développé. Conscients de l'importance de ce défi, les pays de la région comptent concrétiser de nombreuses interconnexions par gazoducs. Ainsi, la région du Maghreb possède des gazoducs en fonction: le Transmed (Algérie-Italie via la Tunisie) et le Maghreb-Europe reliant l'Algérie à l'Espagne via le Maroc, pour un total d'environ 35 milliards de m3/an. Il existe aussi le gazoduc Green Stream gas pipeline reliant la Libye à l'Italie avec une capacité de 8 milliards m.3/an. La capacité de ces trois gazoducs devraient être renforcée par la réalisation de trois autre conduites reliant directement la région du Maghreb à l'Europe. Le premier de ces trois projets en voie de réalisation est le gazoduc Medgaz reliant l'Algérie à l'Espagne, d'une longueur total de 750 Km et d'une capacité annuelle de 8 à 10 milliards de m3. Le second est le projet Galsi, un gazoduc reliant l'Algérie à l'Italie d'une longueur de 900 Km et une capacité de 8 milliards de m3. Le dernier projet est celui du Trans-Sahara Gas Pipeline (TSGP) d'une longueur de plus de 4100 Km qui acheminera du gaz du Nigeria vers l'Europe via le Niger et l'Algérie. Selon M. Abbas, l'étude de faisabilité de ce gazoduc "a été achevée et a conclu à sa viabilité". Sa mise en service est prévue en 2015. Plus à l'est, au Machrek, l'interconnexion est assurée par le gazoduc égyptien, le Trans-Machreq , qui relie l'Egypte à la Jordanie et plus tard à la Syrie et au Liban. Pour les chaînes de production de production du GNL destiné à l'exportation, l'Algérie compte à elle seule 4 complexes de liquéfaction. Deux autres seront construits, l'une à Arzew et l'autre à Skikda en remplacement des capacités de production détruites en 2004 dans cette zone industrielle de l'est algérien, a fait savoir le SG du ministère de l'Energie. D'autres pays méditerranéens ont développé ces infrastructures d'exportation du GNL, notamment la Libye et l'Egypte. La Libye possède une unité générale à Marsa El Bargua, dont elle projette l'extension, tandis que l'Egypte dispose d'une unité de GNL créée en 2005. Dans le domaine de l'électricité, le développement des interconnexions opérées en Méditerranée a permis une augmentation "considérable" des échanges internationaux en électricité. En 2005, le volume total échangé entre les pays méditerranéens et leurs voisin a atteint 237 Terra-watt-Heure (TWH). La rive Sud compte à elle seule plusieurs systèmes d'interconnexion électriques, dont Algérie-Maroc (2 liaisons de 225 KV chacune), Algérie-Tunisie (4 liaisons), Maroc-Espagne(1 liaison de 400KV) et une deuxième, sous-marine, est prévue, Tunisie-Lybie (une double ligne de 225 KV et une ligne en prévision) et Libye-Egypte (une double ligne de 225 KV et une autre de 400 KV prévue). Pour les pays du Machreq, il existe plusieurs réseaux électriques reliés entre eux: Egypte - l'Irak, Jordanie-Liban, et Syrie-Turquie. La Turquie et la Bulgarie sont connectées elles aussi par deux lignes de 400KV. La liaison Espagne-Maroc a permis l'interconnexion des rives sud et nord de la Méditerranée, en attendant les noveaux câbles sous-marins Algérie-Espagne, Algérie-Italie, le doublement de la ligne Espagne-Maroc et les projets d'interconnexion Tunisie-Italie. Selon les spécialistes, ces nouveaux projets permettront également aux principaux pays du sud de la Méditerranée de s'interconnecter entre eux puis de se connecter au réseau européen pour boucler la boucle électrique méditerranéenne attendue pour 2008.