Les salaires réels bruts des travailleurs à temps plein en Allemagne ont augmenté de 1,1% l'an dernier, selon un chiffre définitif publié, hier, légèrement révisé à la hausse par rapport à une première estimation début février (+1%). Les salaires nominaux ont progressé de 3,4% l'an dernier, surpassant l'inflation (+2,3%) en raison de deux effets exceptionnels: davantage de primes et un nombre plus élevé d'heures payées en raison du recul du chômage partiel, rappelle l'Office fédéral des statistiques Destatis. Au quatrième trimestre ces effets exceptionnels ont toutefois disparu et les salaires réels ont ainsi stagné sur un trimestre, pour la première fois depuis le quatrième trimestre 2009, note Destatis. Dans l'industrie allemande les salaires nominaux des travailleurs à temps plein ont augmenté de 5,1% l'an dernier, grâce notamment au bond des salaires dans le secteur automobile (+8,3%), dans la branche des machines-outils (+6,1%) ou encore de la chimie et de la métallurgie (+5,2%). En revanche, dans le commerce et certains services, les salaires nominaux n'ont progressé que de 2,8%. Quant aux salaires nominaux des fonctionnaires en Allemagne, ils n'ont progressé que de 2% l'an dernier, soit moins que la hausse des prix, entraînant ainsi une perte de salaire réel de 0,3% et autant en pouvoir d'achat. Le syndicat allemand des services Verdi réclame des hausses de salaires de 6,5% cette année pour 2 millions de fonctionnaires de l'Etat fédéral et des communes. Des grèves d'avertissement des fonctionnaires dans tout le pays ont lieu régulièrement depuis début mars pour faire pression sur les négociations. Optimisme teinté d'inquiétude des entrepreneurs allemands, selon l'Ifo Le baromètre Ifo du climat des affaires en Allemagne s'est encore amélioré en mars, bien que très légèrement, pour le cinquième mois consécutif, déjouant les pronostics des analystes qui attendaient une stagnation voire un léger recul. L'Ifo affiche 109,8 points en mars contre 109,7 points en février, a annoncé, hier, une porte-parole de l'institut du même nom qui réalise l'enquête mensuelle. Le chiffre de février a été revu légèrement en hausse (109,6 points annoncés auparavant). La plupart des analystes attendaient une stagnation de cet indicateur en mars, voire un recul (à 109,5 points par exemple pour le consensus réuni par l'agence Dow Jones Newswires), en raison de la baisse des entrées de commandes pour l'industrie allemande et de la résurgence des inquiétudes sur la croissance de l'économie mondiale. D'ailleurs, selon l'Ifo, certes le baromètre progresse une nouvelle fois mais il reflète surtout l'apparition de ces inquiétudes. "L'amélioration des attentes a été moins forte et la situation des affaires courantes n'a pas montré de signe d'amélioration", a commenté l'institut dans un communiqué, soulignant que "l'économie allemande a perdu de son élan". L'Ifo sonde chaque mois quelque 7000 entreprises en Allemagne dans les secteurs de l'industrie, du bâtiment et du commerce sur leur sentiment pour la situation actuelle et sur celle qu'ils anticipent dans six mois. Or le baromètre a stagné par rapport à février pour la situation actuelle et n'a que légèrement augmenté en ce qui concerne les attentes. Autre élément d'analyse: seul le commerce de détail enregistre une hausse de son baromètre Ifo en mars tandis que les autres secteurs voient ce baromètre reculer. Pour Carsten Brzeski, économiste de la banque ING, "malgré la persistance de l'optimisme, l'économie allemande fait face à deux ou trois nouveaux défis. Des prix du pétrole élevés, des mesures de rigueur dans presque tous les autres pays de la zone euro et le ralentissement de l'économie chinoise qui érodent tant la demande intérieure qu'extérieure". Son confrère d'IHS Global Insight Timo Klein préfère insister sur l'aspect positif mis en lumière par l'indicateur. "La situation continue d'être bien meilleure que fin 2008 où le choc de Lehman Brothers a mené à la contraction presque immédiate et massive des commandes et de la production", note-t-il.