Le climat des affaires s'est encore amélioré en Allemagne en août, un résultat de très bon augure pour une économie déjà dans une forme olympique, estiment mercredi les économistes. Le baromètre Ifo, principal indice de confiance en Allemagne, a encore grimpé en août, à 106,7 points, contre 106,2 un mois plus tôt, selon des chiffres diffusés mercredi. Les économistes attendaient un léger repli, alors qu'aux Etats-Unis et ailleurs dans la zone euro, la conjoncture donne des signes de faiblesse. Seule ombre au tableau, les entrepreneurs sont légèrement plus inquiets pour les six prochains mois, selon l'Ifo. L'inquiétude touche seulement l'industrie et le commerce de gros. Commerçants de détail et BTP sont au contraire plus confiants. "A la différence des indices de confiance dans d'autres pays, l'Ifo (...) augure d'une croissance économique supérieure à la moyenne, soutenue par un marché du travail toujours favorable", a commenté Thorsten Polleit, de Barclays. La croissance allemande a déjà atteint le rythme record de 2,2% au deuxième trimestre, loin devant les autres pays développés, et ne semble pas prête de s'arrêter en si bonne voie. Le baromètre Ifo du mois d'août renforce le scénario d'une croissance annuelle "en direction des 5%", affirme ainsi Jennifer McKeown, de Capital Economics. "Même avec un passage inévitable à une vitesse inférieure dans la deuxième moitié de l'année, le moteur de la croissance de la zone euro va continuer à tourner sans problème", ajoute Carsten Brzeski, d'ING. D'autre part, le gouvernement allemand a adopté mercredi 25 août un projet contesté de taxe sur les bénéfices des banques, qui doit éviter que l'Etat soit le seul à mettre la main à la poche pour sauver des établissements. Les banques allemandes devront à l'avenir verser à l'Etat une partie de leurs profits, selon ce projet de loi qui doit être validé par le Parlement avant la fin de l'année. Le montant de la taxe sera fonction de la taille de l'établissement et du degré de risque de ses activités. Par ailleurs, les exportations, bénéficiant du rebond économique de nombreux partenaires commerciaux de l'Allemagne et de la baisse de l'euro, ont progressé de 8,2% sur la même période, ce qui représente également un taux record depuis 1990. Mais la reprise allemande, au vu des composantes du PIB, a eu une large assise au deuxième trimestre. Les dépenses de consommation des ménages ont augmenté pour la première fois depuis le deuxième trimestre 2009 et affichent une hausse de 0,6% par rapport aux trois mois précédents. "La demande intérieure a clairement contribué à la croissance, qui n'est pas seulement due à l'impact de la reconstitution des stocks comme ce fut le cas auparavant", commente Jörg Luschow, de WestLB. "La consommation intérieure peut prendre le relais si le moteur de la demande extérieure faiblit dans la deuxième partie de l'année." En rythme annuel, le produit intérieur brut de l'Allemagne a progressé de 4,1% au deuxième trimestre, a précisé l'Office fédéral des statistiques, confirmant là aussi l'estimation préliminaire. La première économie européenne se démarque ainsi largement des autres pays de la zone euro. La semaine dernière, le gouvernement français a abaissé à 2% sa prévision de croissance pour 2011. La bonne performance de l'économie allemande au deuxième trimestre a conduit la Bundesbank à relever la semaine dernière sa prévision de croissance pour l'année 2010, portée à 3% contre 2% précédemment. Cette vigueur a été reflétée par les résultats trimestriels publiés par les grandes entreprises allemandes. Sur les 30 sociétés cotées au sein de l'indice Dax à la Bourse de Francfort, 23 ont dépassé les attentes du marché et 12 ont relevé leurs prévisions.