Les prix du pétrole s'affichaient en baisse, hier, en Asie avant la publication des stocks de brut aux Etats-Unis qui devraient ressortir en hausse, indiquant un repli de la demande dans la première économie mondiale. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai perdait 45 cents, à 106,88 dollars dans les échanges électroniques du matin, tandis que le Brent de la mer du Nord pour livraison en mai abandonnait 61 cents à 124,93 dollars. "Les prix du pétrole se replient parce que les investisseurs estiment que la hausse des stocks aux Etats-Unis augure d'un déclin de la demande dans le premier pays consommateur de brut au monde", notent les analystes de Phillip Futures. Le département américain de l'Energie (DoE) devait publier, hier, des données fraîches sur les stocks de brut aux Etats-Unis. Selon les analystes interrogés par l'agence Dow Jones Newswires, le DoE devrait faire état d'une hausse de 2,3 millions de barils des réserves de brut lors de la semaine achevée le 23 mars. Le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Ben Bernanke, a estimé la veille que la poussée des prix de l'essence constituait un "problème majeur" aux Etats-Unis tout en affirmant qu'elle ne mettait pas "en danger la reprise économique" du pays. Selon l'association d'automobilistes AAA, le prix moyen de l'essence ordinaire à la pompe aux Etats-Unis affichait la veille une hausse de 5,7% sur un mois et de 8,8% sur un an. Sur le front de l'approvisionnement, outre les tensions avec l'Iran contre qui un embargo pétrolier décidé en janvier par l'Union européenne (UE) devrait être complètement mis en place en juillet, de nouvelles tensions liées au pétrole en Irak entre la région autonome du Kurdistan irakien et le gouvernement central accentuaient les inquiétudes. Le brut baisse en Europe Les cours du pétrole s'inscrivaient en baisse la veille en fin d'échanges européens, une tentative de rebond du billet vert et un indicateur américain décevant prenant le dessus sur des inquiétudes persistantes sur l'offre. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai s'échangeait à 125,22 dollars, en baisse de 38 cents par rapport à la clôture de la veille. La trajectoire des cours de l'or noir était étroitement liée à celle du billet vert, les prix perdant quelques cents la veille alors que le dollar amorçait un léger rebond. Un renforcement du dollar rend moins attractifs les achats de matières premières libellées en dollar, comme le brut, pour les investisseurs munis d'autres devises. Les propos prudents du président de la Réserve fédérale américaine (Fed) Ben Bernanke, notamment sur le marché du travail aux Etats-Unis, avaient été également positifs pour les cours dans un premier temps car ils ont "entraîné une vague d'espoir de nouvelles injections" de fonds et ont ainsi "soutenu les cours des matières premières", notaient les analystes de Commerzbank, car une amélioration de la liquidité sur les marchés financiers permet une hausse de la demande. Mais, cet optimisme sur les perspectives de la demande se trouvait tempéré par la diffusion d'un indicateur américain décevant. Le moral des ménages a baissé légèrement aux Etats-Unis en mars, selon l'indice de confiance des consommateurs américains publié, avant-hier, par le Conference Board. De plus, le marché "s'attendait à l'annonce, hier, d'une hausse des stocks de brut" aux Etats-Unis, notait Michael Hewson, analyste chez CMC Markets. Selon les analystes interrogés par l'agence Dow Jones Newswires, le Département américain de l'Energie (DoE) devait faire état, hier, d'une hausse de 2,3 millions de barils des réserves de brut lors de la semaine achevée le 23 mars. Le rapport du DoE devrait également montrer une baisse de 1,7 million de barils des stocks d'essence, et d'un recul de 300 000 barils des réserves américaines de produits distillés (dont gazole et fioul de chauffage). Cependant, "les inquiétudes sur les perturbations de l'offre en provenance de producteurs du Moyen-Orient et d'Afrique restent au centre des attentions", relevaient tout de même les analystes du cabinet viennois JBC Energy. Le brut termine en légère hausse à New York La veille les cours du pétrole ont terminé en légère hausse, dans un marché attentiste hésitant à engranger des profits alors que la situation sur le front de l'offre au Moyen-Orient, et particulièrement en Iran, inquiète toujours. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai est monté de 30 cents par rapport à la clôture de la veille, finissant à 107,33 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). "Les courtiers peinent à se décider à vendre alors que les tensions sont toujours fortes avec l'Iran, d'autant que le flot de nouvelles économiques aujourd'hui aux Etats-Unis a peu pesé", a constaté Matt Smith, de Summit Energy (Schneider Electric). En effet, les prix des logements sont restés stables en janvier à leur niveau le plus bas en neuf ans, conformément aux attentes. De même, l'annonce d'une légère baisse du moral des ménages américains en mars avait été largement anticipée par les analystes. Sur le front de l'approvisionnement, outre les tensions avec l'Iran contre qui un embargo pétrolier décidé en janvier par l'Union européenne (UE) devrait être complètement mis en place en juillet, de nouvelles tensions liées au pétrole en Irak entre la région autonome du Kurdistan irakien et le gouvernement central accentuaient les inquiétudes. Par ailleurs, le Soudan était au centre de l'attention du marché à la suite du bombardement par des avions soudanais, avant-hier, pour le deuxième jour consécutif, de l'Etat frontalier d'Unité, une zone pétrolifère au Soudan du Sud, au lendemain de combats au sol dans cette zone. Toutefois, pour Rich Ilczyszyn, de iTrader.com, "le marché sent que les choses sont sur le point d'évoluer, qu'elles vont se calmer d'ici au mois de juin, et que nous verrons des avancées concrètes sur le dossier iranien". Pour cet analyste, à l'approche de la fin du premier trimestre, le marché est attentiste: "On ne peut se risquer à s'engager davantage avant d'en entendre davantage" sur ce point. Des rumeurs sur un éventuel recours des Etats-Unis à une partie de leurs réserves stratégiques a par ailleurs pesé brièvement sur les cours du brut en mi-séance. Recourir aux réserves stratégiques "est une solution à court-terme", a souligné M. Ilczyszyn, contrairement à une résolution rapide du dossier iranien.