EDF et Alstom sont sortis grands vainqueurs de la compétition pour l'installation de centaines d'éoliennes le long du littoral français, raflant trois des cinq sites en jeu tandis qu'un seul a échoué au tandem Iberdrola-Areva et que GDF Suez est ressorti bredouille. L'appel d'offres lancé en juillet 2011 par le gouvernement portait sur cinq sites, allant de la Haute-Normandie à la Loire-Atlantique. Les résultats rendus publics cette semaine par le ministre de l'Industrie Eric Besson ont couronné le tandem EDF-Alstom, associé au groupe danois Dong Energy pour les futurs parcs de Fécamp (Seine-Maritime), Courseulles-sur-Mer (Calvados) et Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). EDF et Alstom étaient également les mieux disants sur un quatrième site, celui de Saint-Brieuc dans les Côtes-d'Armor. Mais le gouvernement a décidé d'attribuer cette zone à l'espagnol Iberdrola et à Areva (arrivés 2e du classement des offres pour ce site), afin de maximiser les retombées industrielles, chacun des groupements ayant promis des créations d'usines et d'emplois s'il était retenu, a expliqué Eric Besson. Le cinquième site en jeu (Le Tréport, en Seine-Maritime), pour lequel un consortium monté par GDF Suez était seul à concourir, n'a en revanche pas été attribué, une déconvenue pour le groupe de Gérard Mestrallet qui du coup n'a décroché aucun des quatre lots qu'il ambitionnait d'emporter. M. Besson a expliqué que sa candidature n'avait pas été retenue car elle présentait un prix trop élevé de l'électricité qui aurait été produite, ce qui aurait entraîné une augmentation inconsidérée des factures d'électricité. Les lots attribués génèreront 7 milliards d'euros d'investissements et la création de 10 000 emplois industriels directs dans les régions Pays-de-Loire, Bretagne, Basse-Normandie et Haute-Normandie, avec la création d'usines de fabrication d'éoliennes à Saint-Nazaire, Le Havre et Cherbourg, a mis en avant le ministre. Alstom a confirmé qu'il allait ouvrir des usines à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) et Cherbourg (Manche), comme il s'y était engagé s'il obtenait au moins trois sites, et qu'il recevrait plus de deux milliards d'euros de commandes sur plusieurs années. Le groupement emmené par EDF représente la création d'environ 7 500 emplois directs et indirects, ont indiqué les partenaires. Iberdrola a annoncé de son côté que son projet pour le site de Saint-Brieuc allait générer 2 000 emplois en France et confirmé la construction au Havre de deux usines de son partenaire Areva, qui seront dédiées à la fabrication d'éoliennes. Par ailleurs, M. Besson a annoncé que le lancement du deuxième appel d'offres prévu dans le cadre du Grenelle de l'environnement, qui devait initialement avoir lieu avant l'élection présidentielle, interviendrait au deuxième semestre, ce qui donnera à GDF Suez une occasion pour se rattraper. Cette deuxième tranche comprendra la zone du Tréport (Seine-Maritime), qui sera remise en jeu, ainsi que le site de Noirmoutier (Vendée), déjà présélectionné par le gouvernement, en plus d'autres zones non encore déterminées. Au total, les quatre zones attribuées lors du premier appel d'offres permettront d'atteindre une capacité de production d'électricité d'environ 2.000 mégawatts, alors que la puissance maximale des cinq zones mises en compétition était de 3 000 mégawatts. Mais l'objectif d'une capacité totale de 6 000 mégawatts dans l'éolien offshore français en 2020 sera bien atteint grâce au 2e appel d'offres, a assuré M. Besson. GDF Suez échoue mais n'a sans doute pas dit son dernier mot GDF Suez a subi un échec cuisant dans l'éolien offshore, se retrouvant recalé sur les 4 sites qu'il visait, y compris Le Tréport où il était seul à s'être jeté à l'eau. Mais cette occasion ratée pourrait renforcer ses chances pour le 2e appel d'offres, prévu au second semestre. Le groupe est ressorti totalement bredouille du premier appel d'offres visant à installer des centaines d'éoliennes au large du littoral français. Une compétition dont les résultats annoncés en fin de semaine sonnent comme autant de motifs de vexations pour le groupe de Gérard Mestrallet. Premièrement, trois lots sur cinq ont été attribués à son éternel rival, EDF. Deuxièmement, à Saint-Brieuc, où GDF Suez était également sur les rangs, le gouvernement a préférer repêcher l'espagnol Iberdrola, arrivé deuxième derrière EDF, dans le but avoué de maximiser les retombées industrielles. Mais il a recalé la candidature de GDF Suez au Tréport, en Seine-Maritime, où il était pourtant le seul à se présenter. Selon le ministre de l'Industrie Eric Besson, le groupe a fixé un prix trop élevé, qui aurait entraîné une augmentation inconsidérée des factures d'électricité. GDF Suez faisait cette semaine contre mauvaise fortune bon cœur, assurant avoir refusé de sacrifier sa discipline financière pour l'emporter face à ses rivaux. Nous regrettons de ne pas avoir été retenus, a admis une porte-parole du groupe de Gérard Mestrallet, rappelant que le consortium dont nous faisions partie présentait une expérience de premier plan dans l'éolien, parce que GDF Suez est leader en France dans l'éolien à terre et a une expérience dans l'offshore gazier. Poser un pion Jean-Pierre Germa, l'ex-patron de la Compagnie du vent, société éolienne acquise en 2007 par GDF Suez et en conflit ouvert avec le groupe a, dans une déclaration transmise, reproché à GDF Suez de ne pas avoir su exploiter l'antériorité et le savoir-faire incontestables de la Compagnie du Vent, ce qui a conduit selon lui à formuler un projet plus coûteux qui n'a pas su convaincre. Mais selon un bon connaisseur du secteur, qui préfère rester anonyme, la défaite de GDF Suez n'est peut-être pas aussi dramatique qu'elle ne paraît, et pourrait s'inscrire dans une stratégie en prévision du 2e appel d'offres, qui prévu au deuxième semestre, même si le groupe n'a pas voulu s'exprimer sur son éventuelle participation à cette seconde tranche. Selon cet expert, le groupe sait que, contrairement à EDF, il ne peut pas considérer la France comme son marché domestique, car lorsqu'il y a de grands choix industriels, il sera toujours servi en second. Dans ce contexte, plutôt qu'un échec, sa participation à cet d'appel d'offres est une façon pour lui de poser un pion, qui lui donne de bonnes chances de gagner au deuxième coup, estime-t-il. En effet, GDF Suez va laisser les autres essuyer les plâtres, il pourra s'appuyer sur l'assise industrielle qui sera mise en place, et il a montré sa bonne volonté en postulant sur les zones pas forcément les plus attractives. Ce qui lui donne une forte légitimité pour le 2e appel d'offres. Quant à l'allemand Siemens, autre grand perdant puisqu'il avait été sélectionné comme fournisseur d'éoliennes par GDF Suez à Saint-Brieuc, il ne s'est pas non plus se prononcé sur une éventuelle participation à la deuxième tranche. Iberdrola annonce 2 000 emplois, les usines Areva au Havre confirmées Le consortium mené par l'espagnol Iberdrola, qui a remporté un site dans l'appel d'offres français en matière d'éolien offshore, a annoncé que ce marché allait générer 2 000 emplois en France, et a confirmé l'implantation par Areva de deux usines au Havre dédiées à la fabrication d'éoliennes. Le consortium et ses partenaires s'engagent à mobiliser environ 2 000 emplois en France grâce à ce projet, dans les années à venir, a indiqué dans un communiqué le groupement, baptisé Ailes Marines, qui a été retenu pour installer et exploiter un parc de 100 éoliennes au large de Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor), d'une capacité de 500 mégawatts. Ces emplois seront situés principalement dans le Grand Ouest, dont une partie significative en Bretagne, a précisé le consortium, ajoutant qu'à titre d'exemple, la ferme éolienne permettra la création de 140 emplois directs dans la baie de Saint-Brieuc pendant toute la période d'exploitation, soit 20 ans au minimum. Le groupe Areva se chargera de la fabrication au Havre des aérogénérateurs ainsi que de la maintenance des éoliennes, a également indiqué le consortium. Une porte-parole du groupe nucléaire français (qui s'est également développé dans les énergies renouvelables) a précisé que cela comprendrait la création de deux usines au Havre, l'une dédiée à la fabrication de pales et l'autre à la fabrication de nacelles. En retenant notre candidature, le gouvernement Français a démontré qu'un consortium européen pouvait répondre aux exigences du cahier des charges et être sélectionné sur la qualité de son projet au même titre que les sociétés hexagonales, a commenté Keith Anderson, directeur de la division Offshore d'Iberdrola.