Facebook, multipliant les grosses dépenses à l'approche de son entrée en Bourse, a annoncé cette semaine qu'il allait débourser 550 millions de dollars pour acheter des centaines de brevets à Microsoft. Avec cette opération, deuxième grosse acquisition de Facebook en moins d'un mois après l'achat de la petite startup de photo Instagram pour un milliard de dollars, Facebook renforce ses défenses de propriété intellectuelle, dans un contexte où les contentieux à ce sujet se multiplient. Facebook, qui revendique désormais 901 millions d'utilisateurs dans le monde, a lui-même été poursuivi par Yahoo!, qui lui reproche d'usurper ses innovations dans des domaines aussi cruciaux que le fonctionnement en réseau, ou le marketing. Facebook a riposté au début du mois avec une autre plainte, accusant Yahoo! de méfaits similaires. Le détail du portefeuille qui va changer de main à l'occasion de la transaction annoncée n'a pas été divulgué, mais il s'agit manifestement d'inventions auxquelles tenait Facebook, qui avait tenté, selon des informations de presse, d'acheter ces brevets lorsqu'ils ont été mis en vente au début du mois par AOL, pionnier d'internet aujourd'hui en déclin. C'est Microsoft qui avait emporté la mise pour 1,056 milliard de dollars, une offre hors de portée de Facebook qui n'était intéressé que par une partie du lot mis en vente par AOL. Microsoft avait acquis 925 brevets américains ou dossiers de brevets, plus une licence d'exploitation pour quelque 300 brevets supplémentaires qui n'étaient pas à vendre, ont expliqué Microsoft et Facebook dans un communiqué commun. "Avec l'accord d'aujourd'hui, Facebook obtiendra la propriété d'environ 650 brevets AOL", pour lesquels Microsoft aura une licence d'exploitation. En outre, Facebook obtient une licence d'exploitation pour le solde des brevets acquis et non vendus par Microsoft, ajoute le document. Les deux entreprises nouent ainsi une alliance de fait, avec des intérêts croisés, une situation potentiellement ambiguë pour le groupe de Redmond (Etat de Washington, nord-ouest des Etats-Unis), par ailleurs partenaire stratégique de l'adversaire déclaré de Facebook, Yahoo!. Yahoo! a réagi sèchement. "Rien dans ce qui est annoncé aujourd'hui ne change le fait que Facebook continue à violer nos brevets", a dit la société, relevant que "les entreprises qui achètent des brevets sont souvent en position de faiblesse". "Nous considérons l'annonce d'aujourd'hui comme la validation de notre dossier contre Facebook", a conclu Yahoo!. Pour Microsoft, l'accord est financièrement intéressant: il "nous permet de récupérer plus de la moitié de nos coûts, tout en atteignant les objectifs que nous poursuivions lors de la vente d'AOL", a relevé M. Smith. Son homologue chez Facebook, Ted Ullyot, a indiqué que l'opération protégeait "les intérêts à long terme de Facebook". En tant que site internet à la fois relativement jeune (8 ans) et très riche (3,91 milliards de dollars de liquidités), Facebook est particulièrement vulnérable aux attaques sur l'utilisation de brevets. Or ce type de contentieux est potentiellement très onéreux, d'où l'intérêt d'acheter des lots lui permettant de dissuader des concurrents tentés par des poursuites. Facebook, qui a dépassé pour la première fois le seuil du milliard de dollars de chiffre d'affaires trimestriel en début d'année, avait déjà acheté en mars des brevets au centenaire IBM, pour un prix non précisé. Selon l'agence de presse Bloomberg, il s'agissait d'un lot de 750 brevets, qui porteraient notamment sur le fonctionnement en réseau. Des résultats en baisse avant l'entrée en Bourse Le site de réseau social Facebook a annoncé une baisse séquentielle de son chiffre d'affaires au premier trimestre. Il enregistre sa plus mauvaise performance depuis au moins 2010. Facebook, qui s'apprête à entrer en Bourse au terme d'une opération qui pourrait le valoriser jusqu'à 100 milliards de dollars, a expliqué que ses dépenses avaient quasiment doublé au cours des 12 derniers mois. Mais sur la même période, son chiffre d'affaires n'a progressé que d'environ 45%. Le bénéfice net a diminué de 12% à 205 millions de dollars au cours des trois premiers mois de l'année, contre 233 millions un au auparavant. Dans un document réglementaire adressé aux autorités boursières américaines, le groupe a indiqué que ses revenus publicitaires, qui représentent l'essentiel de ses recettes, diminuent traditionnellement durant cette période de l'année. Le chiffre d'affaires, qui a représenté 1,06 milliard de dollars de janvier à mars, a baissé de 6% par rapport aux trois derniers mois de 2011. Le groupe a par ailleurs fait savoir que le nombre de ses utilisateurs actifs avait dépassé 900 millions au cours du premier trimestre. Et il a embauché 1 000 personnes au cours des 12 mois à mars, portant ses effectifs totaux à 3 539.