L'Iran et six puissances mondiales étaient réunies, hier, à Bagdad pour tenter de mettre un coup d'arrêt à la dangereuse escalade autour du programme nucléaire iranien, soupçonné de visées militaires, alors que nombre de voix en Occident mettent en garde contre une manœuvre purement dilatoire de l'Iran. Les discussions, qui réunissent l'Iran et le groupe 5+1 (les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU: Etats-Unis, Russie, Chine, France, et Grande-Bretagne, plus l'Allemagne), ont commencé en milieu de journée dans une résidence officielle située dans la zone verte, quartier ultra protégé du centre de Bagdad. Elles visent à enrayer l'escalade autour de ce dossier qui empoisonne depuis des années leurs relations, faisant planer la menace d'un conflit armé dans cette région hautement volatile. Les principaux responsables israéliens, le Premier ministre Benjamin Netanyahu en tête, agitent la menace d'une opération militaire, exprimant leurs doutes sur l'efficacité des sanctions contre Téhéran. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a toutefois répété hier que le programme nucléaire iranien était pacifique. "La production et l'utilisation d'armes de destruction massive sont contraires à la religion et n'ont aucune place dans la doctrine de défense de la République islamique d'Iran", a-t-il déclaré. Pour sa part, le chef des négociateurs iraniens, Saïd Jalili, a espéré que les négociations, fondées sur la coopération constitueraient le point de départ d'une nouvelle ère dans les relations entre ces pays. "Nous sentons que l'Occident a compris que ce n'était plus le moment d'utiliser sa stratégie de pression," a déclaré M. Jalili à la presse iranienne. "Nous espérons que les négociations de Bagdad seront l'occasion pour les 5+1 de renoncer à certaines de leurs stratégies stériles", a-t-il ajouté à Bagdad. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov présent aux négociations, a indiqué hier que l'Iran était prêt à aller de l'avant. Pour M. Lavrov, la réunion de Bagdad et les négociations sur le nucléaire iranien en général doivent s'appuyer sur le principe du donnant-donnant. Plus tôt hier, le ministre israélien de la Défense Ehud Barak avait une nouvelle fois invité les puissances mondiales à faire preuve de fermeté à l'égard de Téhéran. Ces discussions font suite à une visite lundi dernier à Téhéran du directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Yukiya Amano, au cours de laquelle le principe d'un accord pour des mesures visant à lever les incertitudes sur la nature du programme nucléaire iranien a été conclu, a-t-il indiqué avant-hier à son retour à Vienne. "Cet accord qui doit être signé prochainement, est un pas en avant mais l'Iran sera jugé sur ses actes ", a-t-il dit. La Maison Blanche a estimé que cette annonce constituait un pas en avant, mais prévenu qu'elle jugerait le comportement de l'Iran sur la base de ses actes, selon le porte-parole de la présidence américaine, Jay Carney. Le groupe 5+1 a fait des propositions intéressantes à l'Iran Le porte-parole du chef de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton a déclaré à la presse que le groupe 5+1 a fait des propositions intéressantes à Téhéran lors de ces négociations, pour trouver un accord sur le programme nucléaire iranien. "Je ne vais pas révéler les détails de ces propositions, mais ce que nous avons mis sur la table est intéressant pour l'Iran", a ajouté Michael Mann. "Nous espérons qu'il y aura une réaction positive de l'Iran à nos propositions", a-t-il poursuivi. M. Mann a exclu qu'un accord final soit obtenu hier à propos du dossier nucléaire iranien, évoquant un processus de négociations. " Nous pouvons faire des progrès aujourd'hui. C'est la seconde étape d'une série de négociations, nous espérions aller de l'avant, mais ces choses ne peuvent être résolues en une nuit", a-t-il ajouté.