Les discussions entre les grandes puissances et l'Iran visant à apaiser les tensions sur le programme nucléaire iranien sont "positives". Elles permettent d'espérer une poursuite des négociations, ont indiqué, avant-hier, des diplomates présents à Istanbul. Ces discussions sont "positives, totalement différentes" des précédentes, qui avaient échoué il y 15 mois dans la même ville d'Istanbul, a déclaré devant la presse Michael Mann, le porte-parole de la cheffe de la diplomatie européenne Catherine Ashton. Mme Ashton mène la délégation du groupe des "5+1" (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Chine, Russie, France, Allemagne), engagé dans ces discussions avec l'Iran qui se poursuivaient dans la soirée d'avant-hier. "Les principes pour de nouvelles négociations semblent réunis", a-t-elle ajouté. Changement de ton Les Iraniens "se montrent disposés à parler de leur programme nucléaire, sans mettre de conditions comme ils l'avaient fait il y a quinze mois. Si cela continue dans la même direction, nous serons prêts à démarrer un cycle de négociations", a déclaré une source proche des "5+1". Un diplomate occidental avait évoqué précédemment l'éventualité de nouvelles négociations dans un délai de "quatre ou six semaines, si possible". Même enthousiasme d'un autre diplomate présent aux discussions, qui a noté un "changement de ton" chez le négociateur en chef iranien Saïd Jalili. Faire baisser le cours du brut Les discussions "seront le point de départ d'une négociation très complexe et durant plusieurs mois, la diplomatie permettra de faire baisser quelque peu la pression sur les cours du brut et de diminuer la probabilité d'une attaque israélienne", estime Cliff Kupchan, analyste spécialiste du Proche-Orient chez Eurasia Group. Et les Etats-Unis, comme les autres pays réunis à Istanbul, ont manifesté le désir d'une rencontre bilatérale avec l'Iran, selon le porte-parole européen. Une telle rencontre, qui aurait constitué une ouverture de taille sur un dossier aussi sensible, a cependant été refusée par Téhéran. Première étape positive La Maison -Blanche a qualifié, avant-hier, de première étape positive les pourparlers sur le nucléaire iranien qui se sont déroulés à Istanbul, et à nouveau souhaité que Téhéran donne des gages sérieux sur le caractère pacifique de son programme nucléaire. Nous estimons que ces discussions sont une première étape positive, que l'atmosphère était constructive, et que les Iraniens sont venus pour discuter de leur programme nucléaire, ce qui était le but du groupe (des six) pendant l'année écoulée, a affirmé le conseiller adjoint de sécurité nationale du président Barack Obama, Ben Rhodes. M. Rhodes, qui s'exprimait lors d'une conférence de presse en marge du sommet des Amériques à Carthagène (Colombie), a aussi noté la tenue prévue d'une nouvelle réunion le 23 mai à Bagdad, ce qui est un signe positif supplémentaire, sur le fait qu'il existe une marge de négociation et de discussions sur la façon dont l'Iran peut respecter ses obligations.Lors des pourparlers d'avant-hier, en Turquie, le groupe des six était uni pour envoyer un message clair à l'Iran sur le fait qu'il leur fallait démontrer les intentions pacifiques de leur programme nucléaire, a estimé M. Rhodes, selon qui il sera important que les Iraniens prennent des mesures afin de bâtir une relation de confiance avec la communauté internationale. Ce n'est évidemment pas le genre de dossier que l'on résout en une réunion, mais nous pensons qu'un processus a été lancé en vue d'une solution diplomatique, a encore dit M. Rhodes. L'Iran refuse une rencontre bilatérale avec les Etats-Unis L'Iran a refusé une rencontre bilatérale, avant-hier, avec les Etats-Unis en marge des négociations sur son programme nucléaire controversé à Istanbul, a déclaré une source de la délégation iranienne. Leur demande a été présentée à de nombreuses reprises mais l'Iran a refusé, a précisé cette source sous couvert d'anonymat. Auparavant, des sources occidentales et iraniennes avaient affirmé que la délégation américaine avait émis le souhait d'une rencontre bilatérale avec Saïd Jalili, le chef des négociateurs nucléaires iraniens à Istanbul. Les derniers entretiens bilatéraux de haut niveau sur le nucléaire entre l'Iran et les Etats Unis, qui ont rompu leurs relations diplomatiques depuis plus de 30 ans, remontent à octobre 2009 à Genève, en marge de discussions similaires. Prochaines négociations le 23 mai à Bagdad Les grandes puissances et l'Iran se retrouveront le 23 mai à Bagdad pour de nouvelles discussions sur le programme nucléaire iranien controversé, a annoncé, avant-hier, à Istanbul la chef de la diplomatie de l'Union européenne Catherine Ashton après une journée de négociations. Nous allons de nouveau nous rencontrer prochainement, le 23 mai à Bagdad, a déclaré Mme Ashton lors d'une conférence de presse à la fin des discussions à Istanbul. Peu auparavant, une source proche de la délégation iranienne avait indiqué qu'un nouveau tour de discussions aurait lieu à cette date dans la capitale irakienne. Les parties se sont mis d'accord pour se retrouver le 23 mai à Bagdad pour définir les modalités pour des négociations globales, a précisé cette source sous couvert d'anonymat. Ces prochaines négociations doivent nous faire avancer d'une manière très concrète, a estimé Mme Ashton. Nous espérons que les prochaines réunions aboutiront à des mesures concrètes vers une solution globale négociée qui rétablira la confiance internationale dans la nature exclusivement pacifique du programme nucléaire iranien, a-t-elle dit. Nous voulons maintenant avancer vers un processus de dialogue sérieux afin de prendre les mesures pratiques urgentes pour bâtir la confiance et avancer vers un respect par l'Iran de toutes ses obligations internationales, a ajouté la responsable. Les discussions sur la question nucléaire iranienne ont été constructives et utiles, reflétant les termes et l'esprit de nos récents échanges de lettres avec l'Iran, a-t-elle encore déclaré.