L'ex Premier ministre libyen Al-Baghdadi Al-Mahmoudi, détenu depuis fin septembre en Tunisie, a été extradé en Libye, hier, sur décision du gouvernement mais sans l'aval de la présidence tunisienne, a-t-on appris de sources officielles. Le citoyen Al-Baghdadi Al-Mahmoudi a été livré, hier, au gouvernement libyen, selon un communiqué du gouvernement, rappelant les deux décisions de la justice tunisienne en faveur de cette extradition. Auparavant, une source à la présidence avait annoncé cette extradition, s'étonnant que le gouvernement tunisien ait pris seul la décision d'extrader M. Al-Mahmoudi, sans prendre l'avis de la présidence. Le président Moncef Marzouki n'a signé aucun décret. Selon les observateurs, cette décision va avoir des répercussions sur les relations entre la présidence et le gouvernement. M. Marzouki est actuellement dans le grand sud tunisien pour les commémorations du 70e anniversaire de l'armée, et son cabinet s'est réuni pour examiner la réponse à la décision gouvernementale. Le président Marzouki avait affirmé en mai son opposition de principe à cette extradition, réclamant des garanties du côté libyen sur le respect des droits de l'homme et un procès équitable pour M. Al-Mahmoudi. Mais le chef du gouvernement tunisien, Hamadi Jebali, avait affirmé au lendemain de cette déclaration que la décision d'extradition était irrévocable et ne nécessitait pas la signature du président de la République. Dans son communiqué, le gouvernement s'appuie aussi pour justifier sa décision sur le rapport de la commission tunisienne qui s'est récemment rendue à Tripoli et a conclu que les conditions d'un procès équitable étaient réunies. Un crime d'Etat selon son avocat tunisien L'extradition de Tunis vers Tripoli de l'ancien Premier ministre libyen Al-Baghdadi Al-Mahmoudi est un crime d'Etat, a réagi son avocat tunisien Me Mabrouk Kourchid. Je considère que c'est un crime d'Etat, a déclaré à la presse M Kourchid en accusant le gouvernement tunisien de n'avoir respecté ni la loi, ni les règles humanitaires, ni les droits de l'Homme. Le pire c'est que la présidence n'était pas au courant, a poursuivi l'avocat, évoquant une étrange extradition et dénonçant une affaire politique. Il s'agit d'un crime d'Etat contre une personne qui n'a pas commis de crime en Tunisie et qui devait être protégée, a-t-il dit, rappelant que son client avait fait une demande de réfugié politique auprès du Haut commissariat de l'Onu pour les réfugiés. Le HCR n'avait pas encore donné sa réponse, et il ne pouvait donc être extradé, a-t-il affirmé.