L'importance du mégaprojet de l'autoroute Est-Ouest dépasse, désormais, le cadre national, puisque même des économies mondiales estiment, aujourd'hui, que le projet, à son achèvement, permettra d'accroître les échanges commerciaux entre les pays du Maghreb. Au niveau national, il est prévu la création de quelque 100 000 postes d'emploi à la mise en service de ce projet. Pour ce faire, le chef du gouvernement a d'ailleurs précisé, il y a quelques jours, que le long de l'autoroute, il sera procédé à la création de zones industrielles qui permettront de créer ces emplois. A cet égard, le ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, a qualifié ce projet des "programme destiné à donner des emplois aux chômeurs" et ce, sans compter les milliers de salariés embauchés pour la construction même de cette autoroute qui va relier le Maroc et la Tunisie, et qui traversera les villes d'Annaba, Constantine, Sétif, Alger, Oran et Tlemcen. Au niveau régional, ce nouveau lien routier entre les pays du Maghreb permettra de renforcer leur coopération et leur intégration économique, que le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale n'ont pas cessé de recommander aux pays de la sous-région. Le renforcement des voies d'accès et des infrastructures de transport va certainement permettre le renforcement de la croissance des échanges commerciaux entre les pays maghrébins qui ne représentent, à l'heure actuelle, que 3% du volume total des échanges commerciaux dans la sous-région, selon la Banque mondiale en mai 2006. Selon des institutions internationales et des économistes de renommée mondiale, le faible niveau des infrastructures de transport constitue un frein sérieux au développement économique dans les différents pays du Maghreb. Dans un pays où la majeure partie des produits non énergétiques est transportée par voie routière, l'amélioration de l'accès à de nouveaux marchés transfrontaliers donnera essor aux échanges trilatéraux et permettra de réduire les encombrements du réseau routier algérien. Selon les chiffres publiés par le ministère des Transports, les véhicules de marchandises représentent 90% du trafic routier. En tout cas, il est utile de souligner que le coût global de ce projet, qui est appelé à provoquer un changement radical dans l'infrastructure et la vie économique du pays, s'élève à quelque 11 milliards de dollars. L'autoroute sera livrée fin 2009 ou début 2010. Elle s'étendra sur 1213 km avec deux fois trois voies et desservira 24 des 48 wilayas du pays. De la frontière tunisienne, à l'Est, à la frontière marocaine, à l'Ouest, la gigantesque infrastructure routière compte pas moins de 538 ponts, 13 tunnels et des dizaines de bretelles par lesquelles sont reliées les villes éloignées du tracé autoroutier. L'année dernière, à l'ouverture des plis pour la réalisation de ce projet, le consortium japonais Kojaal s'est vu attribuer le marché du tronçon Est, long de 400 km, et le groupe chinois, Citic/CRRC, quant à lui, a eu les tronçons Ouest et Centre, long de 528 km. Ce projet, rappelle-t-on, s'inscrit dans le cadre d'un vaste programme de 80 milliards de dollars destiné à revaloriser l'infrastructure routière du pays comprenant notamment la réhabilitation de 25 000 km de route, la construction de nouveaux ports et aéroports ainsi que la modernisation et l'élargissement des installations existantes.