Il est connu que le mégaprojet de l'autoroute Est-Ouest qui va parcourir 1216 kilomètres, d'El Kala à Maghnia, en passant par 24 wilayas du nord du pays esquivera celle de Béjaïa. Le tracé fait pour ce projet tourne dans la commune de Laâdjiba, à quelques dizaines de kilomètres de la commune de Tazmalt, sa limite administrative ouest avec la wilaya de Bouira. Quelle compensation pour rattraper le train de ce « projet du siècle » ? Un projet annexe est prévu pour relier la wilaya de Béjaïa, comme certaines autres villes côtières, à l'autouroute Est-Ouest et réduire les contrecoups de son éloignement. Il s'agit d'une pénétrante officiellement retenue dans le cadre « des grandes orientations du schéma directeur du réseau routier national et du plan d'aménagement de la wilaya de Béjaïa ». Cet axe autoroutier s'étalera sur un linéaire de 105 km avec un schéma de deux fois deux voies de 3,5 m chacune séparées nécessairement d'un terre-plein. Il devra longer la rive sud de la vallée de la Soummam avec des connexions à travers quatre échangeurs au niveau d'Akbou, Sidi Aïch, El Kseur et Béjaïa. La contrainte que constitue le relief accidenté au niveau de Sidi Aïch dicte de percer un tunnel ou de réaliser un viaduc. Ce sont les options avancées par la Société algérienne d'études d'infrastructures (SAETI), un bureau d'études national qui avait estimé le coût de réalisation de ce projet à 500 millions de dinars le kilomètre, expropriations non comprises. L'autoroute Est-Ouest coûtera, pour rappel, 0,88 milliard de dinars le kilomètre. La pénétrante est aujourd'hui dotée d'un budget de 4,6 milliards de dinars, soit plus du triple de ce qui a été dégagé pour le projet initial. C'est qu'à l'origine, la wilaya avait bénéficié d'un projet d'une voie express inscrit en 2001 pour une autorisation de programme de 1,3 milliard de dinars. Béjaïa a été retenue pour le projet de pénétrante en été 2005. Aujourd'hui, avec les retards qu'elle accuse, sa réalisation ne dissipe pas toutes les inquiètudes et pour cause. La pénétrante ne sera pas prête quand l'autoroute Est-Ouest sera receptionnée en 2009. Le retard sera d'au moins une année, à considérer le niveau d'avancement du projet de la pénétrante dont les appels d'offres ne sont pas encore lancés. Le projet que pilote l'Agence nationale des autouroutes (ANA) vient de voir finalisée son étude d'APD, détaillée, qui intervient après celle, achevée, de l'APS. Un travail qui échoit à la SAETI à qui il a été accordé un délai de 12 à 14 mois pour finaliser ses études attendues au plus tard pour le mois d'août de l'année dernière. Elles n'ont été prêtes qu'en décembre dernier. Si l'autoroute Est-Ouest venait à être opérationnelle en 2009, une échéance pour le respect de laquelle les pouvoirs publics semblent mettre le tout pour le tout, la pénétrante prendra une année de retard au minimum. En 2010, Béjaïa risque de se retrouver à la marge et son port, pour ne parler que de cette infrastructure économique, de pâtir des éventuels bouleversements dans les échanges commerciaux qui profiteront aux ports bien servis par la nouvelle autoroute. L'échéance prévisionnelle de livraison en 2010 ne prend bien sûr pas en compte les traditionnelles contraintes du terrain dont se plaignent les pouvoirs poublics comme celles qui font d'ailleurs du dédoublement de la RN12 un projet bloqué, du fait de l'opposition de propriètaires terriens.