Une dynamique de développement n'a, pour le moment, pas été insufflée de l'Europe vers le sud de la Méditerranée et pourtant, l'engagement en fut pris, bien avant la tenue de la conférence de Barcelone. Bien avant donc de tenter de donner corps à un partenariat euro-méditerranéen qui bat de l'aile et qui n'a pas tenu ses promesses. Au regard des déséquilibres entre les deux rives, celui-ci est tellement grand que les relations entre le Nord et le Sud ne seront pas approchées sous l'angle de l'égalité dans le champ des décisions et des choix. Pour ce qui concerne par exemple la part du commerce international, celle des pays riverains de l'Union européenne n'est pas loin des 15% alors que celle de l'ensemble des pays du sud méditerranéen n'est pas loin des 3%, soit 5 fois moins. Déséquilibre également pour ce qui concerne les PNB par habitant dans un rapport de vingt environ. Pour ce qui concerne le Maghreb, environ 70% de ses importations et de ses exportations le sont avec l'UE, alors que pour cette dernière, cela représente seulement 4% de ses échanges. Autant dire que l'Europe dépend nettement moins du Maghreb et même de l'ensemble des pays de la rive sud que ne le sont ces derniers de l'Europe. Cette dynamique devait également être insufflée en 1990 avec une nouvelle initiative nommée PMR, soit politique méditerranéenne rénovée, qui traduisait la conviction européenne que la densification des relations de bon voisinage pouvait apporter la prospérité et la stabilité en partage. Les Européens pensaient également, déjà à l'époque, qu'un déséquilibre de développement trop marqué entre le deux rives serait fatalement une source d'instabilité dans toute la région avec des implications sur la sécurité régionale. Les Nations unies elles-mêmes s'étaient intéressées à cette région lorsqu'en 1975 elles avaient mis en place le PAM (plan d'action pour la Méditerranée) qui offrira son cadre à des études de prospective portant sur l'agroalimentaire, l'industrie, l'énergie, le tourisme, l'urbanisation, le littoral, l'eau, et qui finira par composer le programme appelé "plan bleu". Les intérêts trop divergents entre les deux rives ne pouvaient que faire aboutir la démarche méditerranéenne à un échec. Même le projet de création d'une "union des villes méditerranéennes" pour équilibrer avec la politique européenne tournée vers l'Est a fini par se dévaluer. N'en restait que la proposition d'une zone de libre-échange et un partenariat, qui n'ont abouti à rien.