Au moins 35 personnes, dont des civils, ont été tuées dans les violents combats ayant opposé cette semaine des islamistes et des rebelles touareg à Gao, dans le nord malien sous contrôle de groupes armés, selon un nouveau bilan communiqué par une source hospitalière. Le précédent bilan établi de sources concordantes était d'au moins 20 morts. Le Comité international de Croix-Rouge (CICR) a évoqué 41 blessés par balle admis à l'hôpital de Gao après des "manifestations de rues et combats entre groupes armés" les 26 et 27 juin. La rébellion touareg du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) a affirmé vendredi dans un communiqué avoir dénombré quatre morts et dix blessés dans ses rangs, et fait "plusieurs dizaines de morts" dans le camp de ses adversaires islamistes du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). Les combats ont été violents entre ces anciens alliés, qui avaient pris le contrôle de Kidal (extrême nord-est), Gao (nord-est) et Tombouctou (nord-ouest). A l'issue des affrontements, des habitants ont exprimé leur soutien aux jihadistes. Sur une des vidéos, on voit des combattants en turban, armés de fusils d'assaut et de lance-roquettes, un "technical" (pick-up armé) avec le drapeau noir des jihadistes rouler à tombeau ouvert dans la ville. Des jihadistes lançaient "Allah akbar !" ("Dieu est grand", en arabe) pendant les échanges de coup de feu et après la bataille. Des habitants leur ont exprimé leur soutien, certains courants le long de leur véhicule. On voit également des personnes emporter des meubles d'anciens bâtiments officiels qui étaient occupés par le MNLA. Des chefs du MNLA ont été blessés, tués ou contraints à la fuite. Parmi les blessés, figure son secrétaire général Bilal Ag Achérif, évacué au Burkina Faso, pays médiateur pour une sortie de crise au Mali. Selon plusieurs autres témoins, ce mouvement a également été contraint de se retirer jeudi de ses dernières positions dans la ville de Tombouctou et ses alentours sur injonction d'Ansar Dine, un groupe islamiste dirigé par un chef touareg malien et allié d'Aqmi. Ansar Dine a détruit, avant-hier, des mausolées qualifiés de vestiges " mondiaux en péril, ce que l'Unesco a qualifié de "nouvelle tragique" alors que Bamako a dénoncé une "furie destructrice" et des actes assimilables "à des crimes de guerre".