Selon le cabinet d'expertise londonien Oxford Business Group, qui vient d'évaluer le secteur de l'habitat, la politique algérienne de réduction du déficit en matière de logements porte enfin ses fruits, comme l'illustre l'achèvement de plusieurs projets de logements sociaux au premier trimestre 2012. En effet estime OBG, depuis dix ans, le gouvernement algérien travaille dans la perspective de combler cette pénurie, dégageant une enveloppe conséquente d'environ 40 milliards d'euros pour des projets relatifs au bâtiment dans le cadre de l'actuel plan quinquennal d'investissements publics. Le gouvernement a adopté un programme ambitieux de logements sociaux avec pour objectif la construction entre 2009 et 2017 de deux millions d'unités de logements sociaux. L'objectif d'un million d'unités à réaliser entre 2005 et 2009 ayant été atteint et afin de pouvoir faire face à une demande de logements sociaux en croissance soutenue, le gouvernement a décidé la construction de 1,2 million d'unités dans le cadre du plan quinquennal 2010-2014. " Des mesures spécifiques ont été prises afin de mobiliser le foncier urbanisable pour implanter ces projets, en collaboration avec les provinces. En effet, un processus de planification stratégique et urbaine a été mis en œuvre, impliquant à la fois des entreprises algériennes et étrangères. Le programme en question va permettre la livraison de 240 000 unités de logements par an. Si les délais impartis fixés à l'achèvement de certains projets ont connu parfois quelques lenteur, plusieurs d'entre eux ont en revanche été achevés récemment. Une annonce qui est de bon augure pour l'activité du secteur en 2012, estime OBG. A la mi-juin, 570 nouveaux logements publics locatifs, LPL ont été attribués à des résidents de la région d'Aoulef, située à 250 km à l'est du chef-lieu de wilaya Adrar. Les travaux ont duré 2 ans avec un investissement total de 30,64 millions d'euros. A la périphérie de la ville de Constantine, ce sont 520 logements promotionnels aidés (LPA) qui ont été attribués à des résidents fin mai. Les autorités locales compétentes en matière de logement ont indiqué qu'au total 8 000 LPA devraient être livrés à Constantine d'ici la fin 2012. Toujours au mois de mai, un quota de 310 habitations rurales a été attribué dans la commune rurale de Mechraa Houari Boumediene, située à 88 km au sud de Bechar, permettant de satisfaire bonne partie une demande s'élevant à 500 habitations sur la commune. Le programme national de logements accorde également une place considérable aux investissements privés dans la gestion immobilière. A Oran, sur les 7 500 LPA dont la construction est prévue entre 2010 et 2014, près de 3 000 sont réservés aux promoteurs privés. Les logements restants seront attribués à des organismes publics spécialisés dans le domaine, comme l'Agence Foncière d'Oran et l'Office de Promotion et de Gestion Immobilière. Etant donné les délais d'exécution prévus pour ces projets, ce sont les entreprises capables de construire dans des délais très courts tout en maintenant des prix concurrentiels qui seront favorisées, livre encore le cabinet d'expertise londonien. Au mois de mai, suite à un appel d'offres, 29 promoteurs immobiliers du secteur privé ont été sélectionnés parmi des centaines de participants pour effectuer la construction de 3 000 LPA, a rapporté la presse locale. Lors du processus de sélection, les autorités locales ont insisté sur le fait que les entreprises sélectionnées devaient être capables de respecter les délais impartis, espérant ainsi mettre fin au problème des retards constants et systématiques enregistrés par le passé. A Oran, 8 500 logements sociaux qui auraient dû être achevés entre 2004 et 2006 sont toujours en cours de construction. En 2011, les LPL représentaient environ 91% du marché immobilier national et le segment avec la plus forte demande insatisfaite. Le moyen de gamme se taille une part de l'ordre de 8% du marché tandis que la part de l'immobilier haut de gamme ne s'élève qu'à 1%. Le budget 2010-2014 a pour objectif d'encourager et de financer la construction de différents types de logements à travers le pays, dont 500 000 LPL destinés à la location et 500 000 LPA. Aussi, dans le cadre du projet de Résorption de l'Habitat Précaire il est prévu la construction de 300 000 habitations ainsi que 700 000 autres dans le cadre du programme de développement rural qui finance la construction de logements en zones rurales afin d'alléger le surpeuplement des centres urbains. Les logements de type LPL sont réservés aux salariés dont le revenu ne dépasse pas les 24000 dinars par mois. Les loyers sur ce type d'habitations varient entre 2% et 12% du salaire minimum. La formule LPA, quant à elle, vise à encourager l'accession à la propriété foncière pour la classe moyenne en proposant des taux d'intérêts et prêts subventionnés par l'Etat. Les LPA sont ouverts aux Algériens qui gagnent entre 2 et 12 fois le salaire minimum. " Des mesures incitatives ont été prises à la fois du côté de la demande, pour la rendre solvable, et du côté de l'offre, afin d'accroître sa réactivité par divers types de plans et d'actions, parmi lesquels on peut citer une institutionnalisation des procédures, des avantages fiscaux, une réduction des coûts du logement et des droits au logement clairement définis. ", a expliqué M. Moussa. En Algérie, les défis que le secteur du logement va devoir relever sont considérables. OBG note cependant une amélioration de l'environnement réglementaire, comme l'illustrent les différentes initiatives prises par l'Etat dans un effort d'organisation du secteur. Le Schéma National d'Aménagement du Territoire a été adopté en 2010 pour planifier la création de nouveaux centres urbains qui devraient permettre d'atténuer le problème du surpeuplement. L'Etat a également lancé en 2010 un projet d'aménagement urbain à Alger, permettant de contrôler l'expansion de la ville à l'avenir. Le manque de terrains disponibles a constitué un obstacle pour l'ensemble du secteur de l'immobilier. Afin d'y remédier, l'Etat concède désormais des terrains relevant de son domaine privé disponible dans le cadre de concessions de 33 ans renouvelables deux fois, en réservant la plupart de ces terrains à des projets de logements sociaux. Il est vrai que le secteur doit encore résoudre certains problèmes mais un solide engagement financier de la part du gouvernement ainsi qu'une croissance soutenue de la demande en matière de logements - qui concerne en particulier les projets de logements sociaux et le moyen de gamme- devraient continuer à stimuler la croissance du secteur de l'immobilier, conclut le cabinet d'expertise.