Les cours des métaux précieux ont reculé en fin de semaine, minés par un renchérissement du dollar face à un euro affaibli, dans un marché déçu par la Banque centrale européenne (BCE), tandis que platine et palladium étaient de surcroît déprimés par les craintes sur l'économie mondiale. Or Le cours de l'once d'or, qui avait fortement rebondi fin juin après les avancées du sommet européen saluées par les investisseurs, a poursuivi sur sa lancée en début de semaine, avant de battre nettement en retraite en fin de semaine, lâchant quelque 30 dollars en l'espace de deux séances. Le métal jaune "n'a pas été capable de conserver ses gains (des jours précédents) en dépit des décisions (jeudi) de plusieurs banques centrales de renforcer les efforts pour soutenir la croissance de leurs économies", a observé Austin Kiddle, analyste du courtier Sharps Pixley. Outre une baisse de taux d'intérêt inattendue de la part de la banque centrale chinoise, la Banque centrale européenne (BCE) a, comme prévu, baissé jeudi son taux directeur à 0,75%, son plus bas niveau historique. "D'habitude, le prix de l'or réagit positivement à des baisses de taux d'intérêts" car celles-ci rendent moins onéreux l'accès des investisseurs à des liquidités, qu'ils peuvent ensuite investir dans les métaux précieux, ont noté les analystes de Commerzbank. De plus, un assouplissement de la politique monétaire peut également contribuer à alimenter les tendances inflationnistes, contre lesquelles l'or est traditionnellement considéré comme un bon bouclier. Cependant, la BCE n'a pas annoncé d'autres mesures de soutien à l'économie - comme des rachats de dette publique -, décevant les attentes des investisseurs, "ce qui a fortement affaibli l'euro face au dollar, et donc exercé une pression importante sur les prix des métaux précieux", ont expliqué les experts de Commerzbank. En effet le renchérissement du billet vert face à une monnaie unique sous pression rend moins attractifs les achats de matières premières libellées en dollars pour les investisseurs munis d'autres devises. En outre, à la déception suscitée par la BCE s'est ajouté un rapport terne sur l'emploi américain, faisant état de bien moins de créations d'emplois qu'attendu en juin, ce qui a renforcé l'aversion des investisseurs pour les actifs à risque, pesant ainsi encore davantage sur l'euro, et minant marchés boursiers comme matières premières. "L'or tend à reculer lui aussi en période de forte aversion pour les actifs jugés risqués, car les investisseurs se désengagent" du marché des métaux précieux "pour se procurer des liquidités en dollars" et compenser leurs pertes sur les autres marchés, a souligné Anne-Laure Tremblay, analyste de BNP Paribas. Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé la semaine à 1 587 dollars au fixing du soir contre 1 598,50 dollars la semaine précédente. Argent Le prix du métal gris a suivi, comme à son habitude, les fluctuations du cours de l'or, cédant jusqu'à 5% sur les deux séances de jeudi et vendredi. L'argent est vu par les investisseurs comme une alternative moins onéreuse au métal jaune, mais son usage industriel le rend plus vulnérable à toute baisse du moral des investisseurs. L'once d'argent a terminé la semaine à 27,32 dollars contre 27,08 dollars sept jours auparavant. Platine/Palladium Les cours des métaux platinoïdes ont été soutenus en début de semaine "par des chiffres meilleurs qu'attendu des ventes d'automobiles aux Etats-Unis annoncés par les constructeurs : General Motors, Ford et Chrysler", le principal débouché du platine et du palladium restant l'industrie automobile, ont noté les experts du négociant spécialisé Johnson Matthey. Mais le marché a ensuite abandonné une partie de ses gains, pénalisé lui aussi par le net renforcement du dollar, ainsi que par le regain d'inquiétude sur l'économie mondiale. Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a terminé la semaine à 1 450 dollars contre 1 428 dollars une semaine auparavant.L'once de palladium a fini à 577 dollars contre 578 dollars la semaine précédente.