L'Agence internationale de l'Energie (AIE) a maintenu quasi inchangée, avant-hier, sa prévision de demande pour 2012 et indiqué qu'elle croyait à un "plancher" pour les prix du pétrole, excluant le scénario d'une nouvelle chute des cours du brut redescendus de leurs sommets de mars. En dépit du ralentissement économique, l'agence énergétique des pays développés prévoit également une accélération de la croissance de la demande en 2013, avec une hausse de 1 million de barils par jour (mb/j), même si la reprise économique "modérée" devrait être plus faible qu'attendu l'an prochain. Dans son rapport mensuel, l'AIE anticipe une demande de 89,9 millions de barils par jour (mbj) seulement affinée à la baisse de 15 000 barils/jour, et s'attend à 90,9 mbj pour 2013. Fait notable, elle prévoit que la demande des pays hors OCDE va pour la première fois dépasser celle des pays développés au 2e trimestre 2013. Côté marché, si elle reconnaît que "les fondamentaux du marché se sont clairement détendus depuis le début de l'année", l'agence estime que "les risques du côté de l'offre vont probablement continuer à assurer un plancher pour les prix en 2012", malgré le net repli du brut observé depuis quatre mois. La révision à la baisse des prévisions de croissance du PIB mondial (3,3% cette année et 3,8% en 2013 contre 3,5% et 4,1% auparavant) a entraîné une baisse des prévisions générales de demande de pétrole, mais des révisions de données les ont compensées, notamment du fait de la forte demande du Japon après l'accident nucléaire de Fukushima. Malgré ces perspectives économiques dégradées, "le potentiel latent des marchés émergents et le risque maintenu de mauvaises surprises du côté de l'offre pourraient maintenir les prix obstinément élevés en termes absolus", assure l'AIE. L'agence n'identifie pas de risques précis pour les prochains mois, mais mentionne les tensions autour de l'Iran --dont la production est au plus bas depuis 22 ans selon l'AIE-- qui ont contribué dans le passé à maintenir les prix à un niveau élevé. L'organisation énergétique, qui représente les intérêts des pays consommateurs, relève ainsi que le pétrole a rebondi fin juin après être descendu jusqu'à 89 dollars le baril pour le Brent de mer du Nord. Pour 2013, l'AIE souligne que la progression de 1 mb/j attendue en 2013 est certes plus élevée que celle de 2011 et 2012 (+0,7 mbj et +0,8 mbj respectivement), mais qu'elle reste "bien en dessous de la tendance d'avant crise". Alors que les membres les plus conservateurs de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) se soucient de maintenir des prix suffisamment élevés pour assurer leurs rentes pétrolières, l'AIE insiste fréquemment sur la nécessité d'une ressource suffisamment abordable pour ne pas gripper la croissance mondiale en général et celle des pays développés en particulier. La veille, l'Opep a elle aussi maintenu quasiment inchangée sa prévision de demande de brut mondiale pour 2012, estimant que les tendances économiques régionales s'annulent presque. Pour 2013, l'organisation pétrolière basée à Vienne prévoit une croissance de la demande de 0,82 mb/j. Dans son rapport mensuel, l'Opep évalue à 88,68 millions de barils par jour (mbj) la demande de brut pour 2012, contre 88,69 mbj il y a un mois. "Les divers développements économiques dans le monde s'annulent presque, laissant l'état de la consommation globale de pétrole quasiment inchangée par rapport au mois précédent", a expliqué le cartel dans le rapport. Les douze pays de l'Opep, qui pompent environ 30% du pétrole mondial, évoquent l'affaiblissement de la reprise aux Etats-Unis, la crise de la dette en Europe et les récentes inondations en Inde, comme tendances négatives contrebalancées par l'activité au Japon, portée par le recul du nucléaire, et le dynamisme des pays hors de l'OCDE. L'organisation a revu à la baisse, pour le deuxième mois consécutif, sa prévision de croissance pour les Etats-Unis en 2012, attendant 2,1% de croissance contre 2,2% le mois précédent et 2,3% en mai. "Cela est dû à un taux de chômage toujours élevé, un ralentissement du commerce mondial et des niveaux de confiance en baisse", a expliqué le cartel. L'Opep a en revanche revu nettement à la hausse ses attentes pour le Japon, prévoyant 2,5% de croissance cette année contre 2,0% le mois dernier. Cependant, ce chiffre devrait revenir en 2013 à un niveau plus habituel (1,2%). Concernant la zone euro, le cartel prévoit un retour à la croissance pour l'année prochaine: "Les mesures entreprises dans la zone euro devraient transformer la contraction de 0,4% cette année en une croissance de 0,1% en 2013", selon le rapport. "Cela va largement dépendre de l'aptitude de la zone euro de gérer la crise de la dette et de promouvoir la croissance, tout en étant capable de contenir le poids de la dette et, idéalement, de le réduire", a détaillé l'Opep. Au niveau mondial, l'Opep attend une croissance de 3,2%, en légère baisse par rapport à cette année (3,3%). Le niveau des prix du pétrole était en juin en baisse pour le troisième mois consécutif, a indiqué l'Opep, le panier de référence de l'organisation s'établissant en dessous des 100 dollars le baril pour la première fois en 18 mois. "En plus des inquiétudes économiques, les principaux facteurs faisant baisser les prix sont le déclin de positions spéculatives de long terme et une offre abondante de brut", a relevé l'Opep. La production des pays de l'organisation s'est établie à 31,36 mbj en juin, soit légèrement au-dessus des quotas que s'est fixée l'Opep (30 mbj).