Le parquet de Paris a annoncé avoir ouvert, hier, une enquête préliminaire pour "violation du secret professionnel", "violation du secret de l'instruction" et recel de ces deux délits suite à la parution dans "Libération" de la conversation entre Mohamed Merah et la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur). Le parquet de Paris avait déjà ouvert une information judiciaire pour les mêmes raisons la semaine dernière suite à la diffusion dans l'émission "Sept à Huit" sur TF1 d'extraits de cette même conversation entre le jeune homme qui a revendiqué le meurtre de sept personnes à Toulouse et à Montauban en mars dernier et la police. Ce rapport d'expertise de 173 pages sur les conversations a été remis le 5 juillet aux juges en charge de l'instruction. Dans ces conversations enregistrées lors des 32 heures de siège le 21 mars, Mohamed Merah explique sa manière de procéder pour rencontrer Al-Qaïda, ses voyages en Afghanistan et au Pakistan, les cibles qu'il visait, son moyen de se procurer des armes, ou encore ses rapports avec les services secrets. Il a été contrôlé à Kandahar (Afghanistan) en novembre 2000 et a été convoqué par la DCRI en novembre 2011 où il a expliqué y être allé pour faire du tourisme. Mohamed Merah, 23 ans, un jeune Français se réclamant d'Al-Qaïda, a revendiqué la tuerie dans une école juive de Toulouse qui a fait quatre morts le 19 mars, le meurtre d'un militaire à Toulouse (Haute-Garonne) le 11 mars et de deux autres à Montauban (Tarn-et-Garonne) le 15 mars. Il est mort le 22 mars lors de l'assaut du RAID sur son appartement toulousain. Les familles de victimes demandent depuis le début de l'affaire la levée du secret défense avec la déclassification de toutes les pièces du dossier, "en espérant qu'elles ne sortiront pas dans la presse le lendemain", a déclaré dans un entretien à Sipa Me Mehana Mouhou, avocat de la famille du militaire tué le 11 mars. Estimant "honteuses" les violations répétées du secret de l'instruction, l'avocat espère encore que les vidéos ne seront pas diffusées. Mohamed Merah "a filmé ses crimes avec une caméra GoPro et ses vidéos ont été saisies par la police", a rappelé l'avocat. La chaîne Al-Jazeera "en a une copie, de même que le Qatar et d'autres personnes, journalistes ou tiers, qui ont eu accès à l'enquête", a affirmé Me Mouhou. Quant à l'avocate algérienne du père de Mohamed Merah, Me Zahia Mokhtari, qui devait se rendre à Paris en fin de semaine dernière pour remettre au parquet des vidéos impliquant selon ses dires la police française, elle n'est finalement pas venue. Pour rappel, l'avocate a déclaré lors d'une conférence de presse à Alger jeudi dernier, avoir décidé de "laisser de côté sa vidéo car en tant que défense, nous avons d'autres arguments à faire valoir pour faire éclater la vérité dans cette affaire". "Nous sommes prêts à remettre la vidéo à la justice française", a-t-elle toutefois assuré.Valls annonce la déclassification des documentsLe ministre de l'Intérieur Manuel Valls a fini par annoncer, hier, la transmission des documents classifiés dans l'affaire Merah à la Commission consultative du secret de la Défense nationale, répondant aux souhaits des familles des victimes. "Afin de faire avancer le travail de la justice", le ministre dit dans un communiqué avoir transmis ce jour à la Commission consultative du secret de la Défense nationale, et à sa présidente, Evelyne Ratte, les documents classifiés concernant l'affaire Merah. Et de préciser avoir "informé simultanément les magistrats mandants de cette transmission". Les familles des victimes de Mohamed Merah demandent depuis le début de l'affaire la levée du secret défense avec la déclassification de toutes les pièces du dossier.