Les députés allemands ont approuvé, avant-hier, à une très large majorité l'octroi à l'Espagne d'une aide européenne de 100 milliards d'euros maximum, destinée à remettre à flots le secteur bancaire du pays, a annoncé le président du Bundestag Norbert Lammert. Sur 583 votants, 473 députés ont voté pour, 97 contre et 13 se sont abstenus. Ce feu vert est indispensable pour que l'Allemagne puisse donner son accord au déblocage des fonds pour Madrid, dans le cadre de l'Eurogroupe. M. Lammert a fait valoir que 94% des députés avaient répondu présent pour cette session exceptionnelle, convoquée pendant les vacances parlementaires. C'était la dixième fois en deux ans que le Bundestag, désormais consulté de manière presque systématique à chaque nouveau sursaut de la crise de la dette, se prononçait. Le feu vert ne faisait aucun doute, l'opposition sociale-démocrate et écologiste ayant décidé de joindre ses voix au camp conservateur et libéral de la chancelière Angela Merkel. Des défections ont toutefois été enregistrées dans les deux camps. A droite comme à gauche, des députés avaient fait part de leur scepticisme face à cette aide atypique, destinée exclusivement aux banques et non à un Etat dans son entier, à la différence des plans déjà en œuvre pour la Grèce, l'Irlande et le Portugal. La gauche radicale Die Linke a pour sa part voté en bloc contre le dispositif. Le plan d'aide est uniquement destiné aux banques, assure Bruxelles Les 100 milliards d'euros d'aide que la zone euro s'est engagée à fournir à l'Espagne pour recapitaliser son secteur bancaire ne pourront être utilisés que dans ce but, a affirmé, avant-hier, la Commission européenne, démentant des informations de presse qui affirmaient le contraire. Dans son édition d'avant-hier, le quotidien espagnol El Pais affirme que le plan d'aide pour l'Espagne est plus flexible que prévu et peut servir à racheter de la dette souveraine sur les marchés et non seulement aider les banques. L'article s'appuie sur un document du Fonds de soutien de la zone euro (FESF) mis en ligne sur le site du Parlement allemand (Bundestag). Les 100 milliards d'euros que la zone euro s'est engagée à fournir pour la recapitalisation du secteur bancaire espagnol sont pour cet objectif précis et pas pour d'autres objectifs. Je ne peux pas être plus clair que cela, a affirmé, avant-hier, Simon O'Connor, le porte-parole de la Commission chargé des dossiers économiques, jugeant qu'il y avait une mauvaise interprétation des textes. Cet argent est le montant maximum que l'Eurogroupe s'est engagé à fournir pour cet objectif précis, a-t-il insisté. S'il y a d'autres demandes pour d'autres objectifs, on sera dans la même situation que pour n'importe quel pays de la zone euro qui fait une demande d'aide générale, a-t-il ajouté. Le document du FESF rappelle que toute utilisation des fonds pour autre chose que l'aide aux banques doit passer par une demande formelle de l'Espagne à la Commission européenne et une renégociation du mémorandum. La zone euro s'est engagée fin juin à prêter jusqu'à 100 milliards d'euros pour aider les banques espagnoles. Les besoins de recapitalisation des banques du pays seront connus à la rentrée, mais ils devraient être inférieurs à 100 milliards d'euros. Une première estimation faite par des cabinets d'audit privés a établi une fourchette entre 51 et 62 milliards d'euros. Les ministres des Finances de la zone euro devaient finir de mettre en forme, hier, l'aide aux banques espagnoles lors d'une conférence téléphonique.