La demande d'aide de l'Espagne pour ses banques est attendue aujourd'hui, a déclaré le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker. Nous nous attendons à ce que les autorités espagnoles adressent leur demande officielle pour une aide financière d'ici lundi (aujourd'hui), a déclaré M. Juncker lors d'une conférence de presse à l'issue de la réunion des ministres des Finances de la zone euro à Luxembourg. L'Espagne a dévoilé les résultats des audits indépendants réalisés sur le secteur bancaire, qui aura besoin de jusqu'à 62 milliards d'euros, un chiffre bien inférieur aux attentes du marché et aux 100 milliards proposés par la zone euro. L'aide sera fournie par le Fonds de secours européen (FESF) puis par le Mécanisme de stabilité européen (MES) qui doit entrer en vigueur le 1er juillet, a précisé M. Juncker. De son côté, le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn, a affirmé que les travaux pour la recapitalisation des banques espagnoles devaient être bouclés d'ici le 9 juillet, date de la prochaine réunion de l'Eurogroupe. La décision de l'Eurogroupe sur le sauvetage du secteur bancaire espagnol sera prise d'ici le 9 juillet, a affirmé M. Rehn lors de la même conférence de presse. Le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a demandé que l'aide européenne soit versée le plus rapidement possible. L'aide sera fournie par le Fonds de secours européen (FESF) puis par le Mécanisme de stabilité européen (MES) qui doit entrer en vigueur le 1er juillet, a précisé M. Juncker. De son côté, la directrice du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, a appelé la Banque centrale européenne (BCE) à être plus créative au service de la croissance pour aider la zone euro à résoudre la crise de la dette. L'Union monétaire a besoin d'une politique créative et inventive qui parvient à insuffler au sein de la zone une politique monétaire permettant la croissance, a déclaré Mme Lagarde. La BCE vole au secours des banques espagnoles en assouplissant ses conditions de prêt La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé qu'elle assouplissait davantage ses conditions de prêt aux banques de la zone euro, dans ce qui apparaît comme une volonté de porter secours aux établissements espagnols. Le 20 juin, le conseil des gouverneurs de la BCE a décidé de nouvelles mesures pour améliorer l'accès du système bancaire aux opérations (de refinancement) de l'Eurosytème, afin de continuer à soutenir la fourniture de crédit aux ménages et aux entreprises non-financières, a indiqué l'institution de Francfort (ouest) dans un communiqué. Le conseil de gouverneurs de la BCE a réduit son niveau d'exigence en matière d'obligations adossées à des actifs (ABS), que l'institution accepte déjà en échange de ses prêts, après une première décision en ce sens en décembre 2011. En outre, il a décidé d'élargir la gamme des ABS acceptées à celles adossées à des crédits hypothécaires commerciaux (CMBS) notées A par l'Eurosystème (ce qui correspond au moins à A3 chez Moodys et A- chez Fitch ou Standard & Poors), ainsi qu'aux crédits hypothécaires résidentiels (RMBS) et celles adossées à des crédits à de petites et moyennes entreprises (SMEs). Depuis le début de la crise, la BCE n'a cessé d'alléger les conditions en matière de garanties réclamées aux banques qui viennent s'alimenter à son guichet, dans l'objectif affiché de soutenir l'économie de la zone euro. Sa dernière décision semble taillée sur mesure pour les banques espagnoles, dont la note de solvabilité risque de nouveau d'être abaissée après l'octroi d'une aide européenne destinée à suppléer à l'incapacité de Madrid à recapitaliser seul ses banques, frappées de plein fouet par l'éclatement d'une bulle immobilière. Comme l'indiquait une source financière, les établissements de crédit espagnols disposent en effet de crédits hypothécaires en quantité, dont ils pourront se prévaloir auprès de la BCE pour obtenir des liquidités au taux très avantageux de 1% au lieu de devoir solliciter le programme de financement d'urgence de leur banque centrale nationale (ELA), plus coûteux. En échange de l'allègement de ses conditions de prêt, la BCE appliquera une décote plus forte aux nouvelles obligations acceptées à compter du 28 juin et de la publication légale de sa décision, afin de réduire les risques pris. L'annonce de la BCE confirme aussi sa volonté de s'affranchir des évaluations des trois grandes agences financières mondiales, Moody's, Standard & Poor's et Fitch dont les analyses sont souvent mises en cause par les responsables politiques et monétaires européens. Un prêt sur plus de 15 ans envisagé, selon De Guindos Le plan d'aide aux banques espagnoles pourrait comprendre un prêt d'une durée de plus de 15 ans avec des taux d'intérêt entre 3 et 4%, a indiqué le ministre espagnol des Finances, Luis De Guindos, précisant qu'il s'agissait pour l'instant d'hypothèses de travail. Interrogé sur les détails de ce plan d'aide, le ministre a estimé qu'il pourrait s'agir d'un "prêt sur le long terme sur une période allant au-delà de 15 ans avec des taux d'intérêt compris entre 3 et 4%". Une "période de grâce de 5 à 10 ans" avant que Madrid ne commence à rembourser son prêt est également à l'étude, a indiqué le ministre. "Ce sont les paramètres sur lesquels nous travaillons pour le prêt", a-t-il ajouté en marge d'une réunion avec ses homologues de l'Union européenne à Luxembourg. Le journal ABC avait affirmé récemment que le prêt de la zone euro pour venir en aide aux banques espagnoles serait remboursé en 10 à 15 ans, avec un taux à 3%. D'autres informations de presse ont fait état de la possibilité que l'Espagne ne commence à rembourser qu'à partir de 2018. De son côté, la Commission européenne avait jugé qu'"effectivement, des pourcentages de 3% ou 4% sont raisonnables dans ce type d'opération".