La zone euro va approuver vendredi l'aide aux banques espagnoles qui prévoit une enveloppe allant jusqu'à 100 milliards d'euros, alors que les Parlements allemand et finlandais viennent de donner leur feu vert à ce quatrième sauvetage au sein de l'Union monétaire. Les ministres des Finances, réunis au sein de l'Eurogroupe, tiennent une conférence téléphonique à partir de 10H00 GMT. Objectif: se mettre d'accord sur les modalités de ce sauvetage inédit qui concerne uniquement le secteur bancaire espagnol, contrairement à l'aide dont ont bénéficié jusqu'ici la Grèce, l'Irlande et le Portugal. Lors d'une précédente réunion téléphonique fin juin, la zone euro a accepté de prêter jusqu'à 100 milliards d'euros pour aider Madrid à recapitaliser ses banques. Elle a ensuite promis d'en débloquer 30 milliards fin juillet. Cette somme sera mise en réserve en cas de besoin urgent cet été. L'aide devrait venir du Fonds de soutien de la zone euro (FESF) puis du Mécanisme de stabilité (MES), appelé à lui succéder rapidement. Elle sera transmise au Fonds public d'aide pour les banques espagnoles, le Frob. Les montants précis dont auront besoin les banques seront connus seulement après la publication d'un audit à la rentrée. Les ministres doivent approuver lors de leur réunion téléphonique les modalités du prêt, tels que le taux ou la durée ainsi que les conditions qui y sont associées. Consulté en amont, le Bundestag allemand a approuvé ce plan jeudi. En Finlande, un des pays les plus réticents à délier les cordons de la Bourse, le Parlement a adopté ce sauvetage vendredi matin après de vifs débats. Helsinki a au préalable trouvé un accord avec Madrid sur des contreparties pour garantir sa participation à ce nouveau plan de sauvetage européen. D'après un projet de mémorandum, la zone euro devrait exiger des conditions très strictes en échange de son aide. Le document établit 32 conditions, parmi lesquelles une supervision renforcée des banques par la Commission européenne. Bruxelles aura "le droit d'effectuer des inspections dans tout établissement bancaire pour s'assurer qu'il respecte les conditions", indique ce document. Une éventualité qui fait grincer des dents en Espagne et fait craindre une forme de mise sous tutelle, alors que Madrid a tout fait pour ne pas obtenir une aide sur le modèle de ses voisins grecs ou portugais, de peur de se voir imposer des plans de rigueur drastiques et une surveillance de ses bailleurs de fonds. Même en ayant obtenu un plan d'aide "sur mesure", l'Espagne est gagnée par la contestation face au nouveau tour de vis imposé par son gouvernement, pour réduire son déficit et revenir dans les clous européens: une marée humaine a envahi jeudi soir le centre de Madrid, pour dire non au nouveau plan de rigueur qui impose une hausse de la TVA, ainsi que de sévères coupes budgétaires. La recapitalisation des banques risque elle aussi de peser sur les Espagnols. Le projet de mémorandum insiste sur la nécessité de "minimiser le coût d'une restructuration des banques pour le contribuable", tout en souhaitant que les autorités locales imposent des mesures pour que les créanciers qui ne sont pas prioritaires et les actionnaires des banques acceptent de subir des pertes. Or cela pourrait concerner un échantillon important de la population.près cet Eurogroupe téléphonique, les ministres des Finances de la zone euro devraient se retrouver début septembre pour étudier notamment l'aide à la Grèce et à Chypre.