L'armée syrienne a lancé, hier, sa contre-offensive pour reprendre les secteurs rebelles à Alep, deuxième ville de Syrie et enjeu crucial du conflit, ont affirmé des militants. Les renforts qui se massent depuis des jours aux abords de la métropole se dirigent vers le quartier Salaheddine, qui compte le plus grand nombre de rebelles, a affirmé le président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, une organisation qui base ses informations sur des militants sur place. Les combats les plus violents depuis le début de la révolte ont lieu dans plusieurs quartiers, a-t-il précisé, ajoutant on peut dire que l'assaut a commencé. Des affrontements se déroulaient notamment aux entrées de Salaheddine, situé dans le sud-ouest de la capitale économique du pays et bombardé depuis le lancement de l'assaut. La Commission générale de la révolution syrienne, autre réseau de militants, faisait également état de renforts de l'armée à Salaheddine au milieu de tirs nourris de mitrailleuse lourde et de combats entre les militaires et les rebelles. Les insurgés sont retranchés notamment dans les quartiers sud et sud-ouest de la métropole. Selon l'OSDH, un grand mouvement d'exode se produit actuellement du quartier d'al-Soukkari (sud) après la chute d'obus et de violents accrochages ont éclaté dans le secteur de Hamdaniyé (ouest). Au moins dix soldats et trois rebelles ont été tués dans les combats depuis le début de l'assaut à Alep, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Ailleurs dans le pays, 31 personnes, soit 14 civils, 13 rebelles et 4 soldats, ont été tuées, selon la même source. Plusieurs pays occidentaux avaient exprimé leur préoccupation face à la perspective d'un assaut contre les rebelles, Washington évoquant la possibilité d'un massacre et condamnant l'agression haïssable et répréhensible des forces d'Assad contre ce centre de population civile. Une source de sécurité syrienne avait affirmé, avant-hier, que les rebelles étaient retranchés dans des ruelles très étroites, ce qui rendra difficile la bataille. L'OSDH a dit craindre des centaines de morts dans l'assaut de l'armée. La communauté internationale écarte tout scénario d'intervention militaire en Syrie.La Russie met en garde contre la menace d'une tragédie La Russie a averti, hier, qu'une tragédie menaçait à Alep, la deuxième ville de Syrie, tout en estimant qu'il n'était pas réaliste d'escompter que le gouvernement syrien reste les bras croisés alors que des rebelles armés occupent les grandes villes. Nous sommes en train de persuader le gouvernement qu'il doit faire de premiers gestes, a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lors d'une conférence de presse aux côtés de son homologue japonais à Sotchi (sud). Mais lorsque l'opposition armée occupe des villes comme Alep, où une autre tragédie se prépare à ce que je comprends il n'est pas réaliste de compter qu'ils (le gouvernement) l'accepteront, a-t-il ajouté. Les USA très inquiets mais réfutent la comparaison avec la Libye De leurs coté,l es Etats-Unis se sont dits à nouveau très inquiets de la situation à Alep (Syrie) où l'armée préparait une offensive décisives contre les rebelles, mais ont réfuté toute comparaison avec le cas de Benghazi qui avait provoqué une intervention internationale en 2011 en Libye. Nous sommes très inquiets au sujet de la situation à Alep, a expliqué le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney, en condamnant l'agression haïssable et répréhensible des forces (du président) Assad contre ce centre de population civile Le genre d'armements qu'ils utilisent contre des civils sans armes démontre la perversité dans laquelle Assad a sombré, a ajouté M. Carney lors de son point de presse quotidien, reprenant une expression qu'il emploie depuis plusieurs jours. M. Carney était interrogé sur la similarité de la situation entre Alep et Benghazi, qui en mars 2011 était également une place forte rebelle au sein d'un pays arabe en proie à un conflit ouvert. Les élus ont rappelé que, selon eux, les Etats-Unis et leurs alliés devaient aider l'opposition syrienne en lui fournissant des armes et du renseignement, et en mettant en place une zone d'exclusion aérienne. Navi Pillay dénonce les crimes contre l'humanité La Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Navi Pillay a dénoncé les crimes contre l'humanité commis en Syrie par les deux camps. Elle s'est déclarée profondément alarmée par l'escalade du conflit, notamment à Damas et Alep. "Bien que de telles conclusions ne puissent être tirées que par un tribunal, je suis convaincue, sur la base des preuves rassemblées de sources crédibles et diverses, que des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre ont été et continuent d'être commis en Syrie", a affirmé Mme Pillay dans une déclaration écrite publiée à Genève, qui détaille les exactions commises par l'armée syrienne et les rebelles. Navi Pillay a par ailleurs affirmé avoir "reçu des informations encore non confirmées d'atrocités, dont des exécutions sommaires et des tirs de francs-tireurs contre des civils pendant les récents combats dans les faubourgs de Damas". Londres met en garde contre une perte de vies dévastatrice Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a mis en garde contre une perte de vies dévastatrice et un désastre humanitaire à Alep où une bataille cruciale entre le régime syrien et les rebelles se prépare. Cette escalade inacceptable du conflit pourrait mener à une perte dévastatrice de vies civiles et à un désastre humanitaire, indique le ministre dans son communiqué. William Hague se déclare profondément préoccupé par les informations selon lesquelles le gouvernement syrien masse ses troupes et ses tanks autour d'Alep, et a déjà débuté un assaut brutal contre la ville et ses habitants. Le régime de Bachar al-Assad doit renoncer à cet assaut, poursuit le ministre, qui appelle à une condamnation unanime de la part de tous les pays du monde, y compris les membres permanents du Conseil de sécurité (des Nations unies) pour condamner ces dernières actions et insister sur un processus politique pour mettre fin à la violence en Syrie. Aucun pays ne devrait rester silencieux alors que le peuple d'Alep est menacé d'un massacre potentiel, dit-il. Ban Ki-moon exhorte le régime syrien à arrêter l'offensive Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est dit vivement préoccupé par l'intensification des violences à Alep et a exhorté le gouvernement syrien à arrêter l'offensive. J'exhorte le gouvernement syrien à arrêter l'offensive, a déclaré Ban Ki-moon, après une rencontre avec le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague sur la trêve olympique, à quelques heures de l'ouverture officielle des JO. La violence doit cesser des deux côtés par égard pour les civils qui souffrent en Syrie, a ajouté le secrétaire général des Nations unies. Varsovie fait évacuer son ambassade La Pologne a annoncé qu'elle avait fermé son ambassade en Syrie et évacué ses diplomates en raison de la détérioration des conditions de sécurité à Damas. Le ministre des Affaires étrangères, Radek Sikorski, a précisé, avant-hier, qu'il avait pris cette décision pour la sécurité du personnel de l'ambassade. L'ambassade de Pologne en Syrie représentait les intérêts américains dans le pays. Selon M. Sikorski, l'ambassade rouvrira dès que les conditions le permettront au niveau de la sécurité.