La Commission de régulation de l'énergie, la CRE, a annoncé, avant-hier, l'ouverture d'une enquête sur les prix de gros du gaz dans le sud de la France, nettement supérieurs à ceux observés dans le nord du pays depuis plusieurs mois. Dans le cadre de cette enquête, la CRE analysera l'ensemble des transactions individuelles sur le marché du gros, ainsi que la disponibilité et l'usage des infrastructures gazières : réseau de transport, stockages souterrains, terminaux méthaniers, interconnexions avec les pays adjacents, a précisé le régulateur dans un communiqué. Cette enquête a été déclenchée suite à l'observation par la CRE d'écarts de prix importants entre les points d'échange de gaz (PEG) Nord et Sud, les deux principales zones pour le commerce gazier de gros en France, celui au sud étant notablement plus élevé. Sur le marché au comptant français (la bourse du gaz Powernext Gas), la CRE note que cet écart entre les deux zones a augmenté fortement depuis le 1er avril: alors qu'il était de 0,16 euros par méga watt/heure en 2011, il a atteint 3 euros en moyenne depuis le 1er avril et a même dépassé à plusieurs reprises 6 euros. En revanche, en juin, la CRE avait conclu que les pics des prix de gros sur le marché du gaz qui ont pu être observés en février s'expliquaient par la vague de froid qui avait frappé le pays et qui avait aussi fait flamber les prix de gros de l'électricité. La CRE souligne que cette enquête s'inscrit dans sa mission de surveillance des marchés de gros de l'énergie, conformément à la réglementation française et européenne. Plus d'une quarantaine d'acteurs (opérateurs d'énergie, industriels grands consommateurs de gaz, banques et autres intermédiaires financiers) interviennent sur le marché gazier au comptant de Powernext (Powernext Gas Spot). Les réseaux d'infrastructures des zones nord et sud sont quant à eux gérés par GRTgaz, filiale de GDF Suez dédiée au transport et au stockage de gaz naturel. Powernext et GRTgaz n'ont pas réagi dans l'immédiat au lancement de cette procédure. L'ouverture de l'enquête intervient alors que des grandes manœuvres se profilent sur le marché gazier français. La CRE avait annoncé en début de semaine ses orientations en vue d'une fusion d'ici 2018 des trois PEG (Nord, Sud et TIGF) qui composent le marché gazier de gros français. La CRE avait justifié ce projet par le fait que les PEG Sud et TIGF, plus petits que la zone Nord, restent peu liquides, et que les consommateurs, notamment industriels, ne bénéficient pas de conditions de marché aussi attractives qu'au PEG Nord. De plus, selon des informations de presse non confirmées par Total, le groupe pétrolier réfléchirait à une cession de TIGF, sa filiale qui gère le réseau gazier du sud-ouest de la France (et à laquelle correspond le PEG du même nom). Le groupe serait en train de sélectionner des banques pour la conseiller en vue d'une telle transaction.