Le ministre grec des Finances Yannis Stournaras a déclaré, hier, au quotidien Ethnos que les prochaines semaines étaient cruciales pour le maintien du pays dans la zone, si de nouvelles économies, réclamées par les créanciers UE et FMI, ne sont pas adoptées. Tout en reconnaissant que les Grecs ont subi d'importants sacrifices, le ministre a souligné que les prochaines semaines étaient cruciales pour la survie du pays, car des choix différents de ceux que la logique impose pourraient nous conduire à une faillite et à sortir de la zone euro. Le pays s'est engagé à procéder à une série de mesures et de réformes pour redresser l'économie et écarter définitivement la menace de la faillite, a rappelé M. Stournaras dans cette déclaration publiée dimanche par Ethnos. Le ministre a entamé dimanche matin à Athènes des entretiens avec les experts des créanciers de la troïka, Poul Thomsen (FMI), Klaus Masuch (BCE), et Matthias Mors (UE), pour finaliser les économies de 11,5 milliards d'euros pour 2013 et 2014. Est également présent à cette réunion le ministre de l'Emploi, Yiannis Vroutsis, dont le ministère doit subir d'importantes économies. Il a un effort sérieux pour arriver à un accord, a indiqué aux médias une source du ministère des Finances au début de cette réunion, soulignant que le climat était bon. Les experts de la troïka pressent depuis deux semaines le gouvernement grec de coalition droite-gauche d'adopter de nouvelles réductions dans les dépenses publiques, incluant des coupes dans salaires et retraites. Ces mesures sont une condition préalable, selon les créanciers, pour débloquer le versement à la Grèce d'une tranche de 31,5 milliards d'euros en septembre, provenant du deuxième prêt de 130 milliards d'euros accordé en hiver. Le paquet de mesures qu'on essaie d'élaborer vise à la rationalisation des dépenses publiques d'une manière juste visant à regagner notre crédibilité, a noté M. Stournaras. Le ministre espère que le pays pourra sortir de la grave récession via l'accélération des privatisations et des réformes structurelles, réclamées également par la troïka. En raison du manque de liquidités et d'une obligation de la BCE qui arrive à échéance le 20 août, le vice-ministre des Finances, Christos Staïkouras a de son côté indiqué dimanche que parmi les solutions alternatives que le gouvernement étudie en coopération avec les créanciers, est l'augmentation de la somme des bons du trésor que le pays doit émettre au mois d'août. La situation va rester cruciale jusqu'en septembre lors de la publication du rapport de la troïka sur l'économie grecque, a indiqué M. Staïkouras au quotidien Kathimérini, en espérant que les conclusions de ce rapport seraient positives pour débloquer la tranche du prêt attendue par Athènes. Une source du ministère des Finances a confié jeudi, que la Grèce envisageait l'émission d'une valeur de 6 milliards d'euros après l'accord avec la BCE. Selon le quotidien Elefthéros Typos, le Premier ministre conservateur Antonis Samaras, en tête d'un gouvernement de coalition avec les socialistes Pasok et la Gauche démocratique (Dimar), estime que ces mesures permettront d'entamer des négociations avec les créanciers pour demander un nouveau délai de deux ans, jusqu'en 2016, pour l'ajustement budgétaire du pays. La BCE garantirait des prêts d'urgence supplémentaires La Banque centrale européenne (BCE) aurait provisoirement évité une faillite de la Grèce en lui garantissant l'octroi de prêts d'urgence supplémentaires par la Banque centrale de Grèce. C'est ce qu'affirmait le quotidien allemand "Die Welt", avant-hier. Le conseil des gouverneurs de la BCE a pris cette décision, jeudi, lors de sa réunion, ce qui devrait permettre à la Grèce d'assurer sa survie financière jusqu'en septembre, selon la même source. Le gouvernement grec devrait ainsi obtenir jusqu'à 4 milliards d'euros de fonds supplémentaires en attendant que la troïka des créanciers de la Grèce (Union européenne, BCE et Fonds monétaire international) ne décide du versement éventuel d'une nouvelle tranche d'aide en septembre, de plus de 31 milliards d'euros. Limite à 7 milliards La Banque de Grèce ne pouvait jusqu'ici accepter des bonds du Trésor que dans une limite de 3 milliards d'euros mais la BCE a décidé d'accéder à son souhait de porter cette limite à 7 milliards d'euros, détaille le journal. L'institution de Francfort n'accepte plus pour le moment que les banques déposent en garantie auprès d'elle des titres de dette émis par la Grèce. Au bord de la banqueroute, la Grèce s'est vu accorder deux plans d'aide d'un montant total de 380 milliards d'euros, accompagnés d'un programme draconien d'ajustement budgétaire, sous le contrôle de la troïka. Un programme qui a toutefois pris du retard. Juncker à Athènes le 22 août Le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker, doit effectuer une visite à Athènes le 22 août pour s'entretenir avec le Premier ministre grec Antonis Samaras, selon les services de M. Samaras. Cette visite fait suite à celle fin juillet du président de la Commission européenne José Manuel Barroso, qui s'était également entretenu avec M. Samaras et avait demandé à Athènes de fournir "des résultats" à ses créanciers, concernant l'application du plan d'assainissement des finances du pays, dicté par l'UE et le FMI, en échange des prêts internationaux. Une mission des experts de la troïka des créanciers, UE-BCE-FMI, en visite à Athènes depuis deux semaines pour évaluer le processus de l'application de ce programme a demandé de nouvelles économies au gouvernement de coalition droite-gauche dirigé par le conservateur M. Samaras, de l'ordre de 11,5 milliards d'euros. En raison d'une crise politique et des élections législatives successives au printemps, la Grèce a pris du retard dans l'application des réformes réclamées par les créanciers. Les experts de la troïka doivent s'entretenir dimanche matin pour finaliser une partie des mesures réclamées à la Grèce avant leur départ pour rédiger le rapport d'ici septembre sur l'économie grecque, la plus fragile de la zone euro. Après deux ans et demi de rigueur imposée au pays, au cours desquelles la récession et le chômage se sont considérablement aggravés, ces mesures incluant de nouvelles coupes dans les salaires et les retraites, ont été en partie contestés par les deux partis de la coalition gouvernementale, les socialistes Pasok et la Gauche démocratique (Dimar). Leurs dirigeants Evangélos Vénizelos (Pasok) et Fotis Kouvelis (Dimar) ont toutefois donné leur accord "de principe" mercredi au conservateur M. Samaras afin de ne pas provoquer de crise politique alors que ce dernier s'est engagé à des mesures "justes" qui auront le minimum de coût social.