Les bateaux de pêche espagnols procèdent depuis 72 heures au licenciement de leurs personnels mauritaniens avant de quitter le port de Nouadhibou (capitale économique) en direction de la péninsule ibérique, a indiqué avant-hier, une source syndicale. Les Espagnols protestent ainsi contre certaines clauses du dernier accord de pêche entre l'Union européenne (UE) et la Mauritanie, accord renouvelé le 27 juillet dernier à Nouakchott. Selon ce document, la zone de pêche revenant aux Espagnols et aux bateaux de l'UE en général est limitée à 20 miles marins, une zone qualifiée de "très pauvre en poissons de bonne qualité" par les pêcheurs espagnols. Dans une émission de la télévision nationale, le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a souligné que "les accords de pêche entre la Mauritanie et ses partenaire sont conclus dans l'intérêt du peuple mauritanien et aucun pays ne bénéficie de largesse au détriment de l'intérêt de la Mauritanie". Selon les observateurs, ces mesures prises par les Espagnols menacent l'ensemble de l'accord de pêche avec les Européens. Le gouvernement espagnol a récemment rendu public un communiqué dans lequel il a sévèrement critiqué l'accord de pêche Mauritanie-UE, qui selon lui, n'a pas respecté les intérêts de la pêche au sein de l'UE. Le ministère espagnol de la Pêche s'est déclaré "désagréablement surpris" par la conclusion par les négociateurs européens de cet accord qui ne tient pas compte des mises en garde des pays membres de l'Union. Parmi les principaux griefs retenus par les espagnols contre l'accord de pêche figurent, entre autres, l'interdiction aux Européens de la pêche du poulpe et la limitation des captures de crustacés, ainsi que la révision à la hausse des compensations à verser à la Mauritanie et l'obligation pour les Européens d'embarquer des Mauritaniens pour en constituer 60% de leurs équipage. Le 27 juillet dernier, la Mauritanie et l'UE avaient signé un accord de pêche valable sur deux ans, à partir du 1er août 2012. En vertu de cet accord, la partie européenne accordera à la Mauritanie une compensation financière de 113 millions d'euros par an, contre 76,5 par an dans l'accord précédant. Concernant le volume des prises, les deux parties avaient convenu qu'il ne devra pas dépasser 307 400 tonnes de poissons par an (pélagiques, crevettes et merlus notamment) en plus de 30 thoniers autorisés à pêcher dans les eaux mauritaniennes. L'accord prévoit également que la main-d'œuvre embarquée sur les bateaux européens devra être composée "à 60% de Mauritaniens". Les deux parties s'étaient également mises d'accord sur le débarquement à Nouadhibou des prises de la pêche de fond et le transbordement du pélagique, "afin d'en faciliter le contrôle".