L'Association des banques centrales africaines (ABCA) a organisé la 36ème réunion ordinaire du conseil des gouverneurs, hier, à l'hôtel "Hilton" (Alger). Cette rencontre sous le thème "défis pour les banques centrales africaines face à la volatilité des mouvements de capitaux et des cours des matières premières" a été présidée par le ministre des Finances, M. Karim Djoudi. Lors de son intervention, le ministre a fait part de ses propos concernant les mouvements des capitaux attestant qu'il faudrait "mettre en œuvre des politiques adaptées pour atténuer les effets de cette instabilité qui affecte la conduite de notre politique économique au sens large et ses objectifs". S'agissant de la valorisation des cours des matières premières, M. Djoudi a affirmé qu'elle a engendré dans les pays exportateurs un afflux des capitaux qui est potentiellement générateur de surchauffe inflationniste s'il n'est pas régulé par une politique monétaire adéquate conjuguée à une politique budgétaire prudente. Il est à noter qu'après avoir été relativement stables mais élevés au cours du 1er semestre 2011, les taux d'inflation en moyenne annuelle ont enregistré en Algérie un rythme haussier de juillet 2011 à juin 2012 qui s'est même accéléré à partir de janvier 2012 atteignant un niveau record de 7,29% à juin 2012 contre 5,91% à mars 2012. Cette élévation peut s'apparenter à une persistance en la matière, suite au choc sur les prix intérieurs de certains produits de base (produits agricoles frais) début 2011. Les évolutions de ces prix intérieurs des produits alimentaires contrastent avec les mouvements des prix internationaux au cours du 1er semestre 2012, d'autant que la relative appréciation du taux de change, en termes effectif nominal, au cours de ce semestre a contribué à atténuer l'impact de la légère hausse des prix internationaux. De plus, le premier semestre 2012 a enregistré une décélération du rythme d'expansion de la masse monétaire M2 à 7% contre 8.9% au premier semestre de l'année 2011. En glissement annuel, l'expansion monétaire est estimée à 17,88% à juin 2012, alors qu'elle a été haussière en 2011 (16,27% à juin). En conséquence, le phénomène d'inflation au cours du 1er semestre de cette année est plus de nature endogène, lié aux disfonctionnements persistants des marchées intérieurs de ces biens où la formation des prix relève plus de position dominante et de spéculation. En outre, les anticipations inflationnistes alimentées par l'augmentation substantielle des revenus provenant de la sphère budgétaire, comme en témoigne la forte expansion des dépôts au Trésor et aux CCP (24.8% au premier semestre 2012 et 40,6% en 2011), ont contribué au phénomène de persistance de l'inflation. Toutefois, après examen des principales tendances monétaires du 1er trimestre 2012 et des risques d'inflation, la Banque d'Algérie a pris deux mesures de politique monétaire visant à résorber l'excès de liquidités sur le marché monétaire et à atténuer son effet inflationniste. Ainsi, le taux des réserves obligatoires a été porté à 11% à compter de mi-mai, soit deux points de pourcentage d'augmentation, pendant que le niveau de la reprise de liquidités s'est accru de 250 milliards de dinars dès avril pour atteindre un encours de 1350 milliards de dinars. En outre l'excès de liquidités s'est amenuisé au second trimestre 2012 corrélativement à la forte contraction des dépôts du secteur des hydrocarbures. C'est dans un tel contexte que la Banque d'Algérie a renforcé davantage la prévision à court terme du taux d'inflation pour assurer le suivi de l'objectif d'inflation en 2012; le premier semestre étant marqué par une accélération du taux d'inflation. En effet, le modèle de prévision de l'inflation à court terme (6 à 9 mois) développé par la Banque d'Algérie à partir de fin 2009 vient d'être complété, au 1er semestre 2012, par des développements récents prenant en charge un horizon pouvant aller jusqu'à 24 mois. Au 1er semestre 2012 l'inflation annuelle moyenne est restée en phase avec le prévision à court terme. En ce qui concerne la volatilité des taux de change des principales devises, la Banque d'Algérie par ses interventions sur le marché interbancaire des changes poursuit l'objectif de stabilisation du taux de change effectif pour atténuer l'effet de l'inflation importée tout en confortant, à court terme, le rôle des instruments de politique monétaire dans la lutte contre l'inflation.