L'insécurité foncière constitue un handicap de taille à la promotion des investissements dans l'agriculture du Bénin, a déploré Mesmin Dossou, chercheur et consultant béninois en agronomie. "Pour une superficie totale de terres agricoles disponibles estimée à plus de sept millions d'hectares, à peine 20 % sont exploités à cause de cette insécurité foncière", a-t-il regretté, soulignant la disponibilité des terres cultivables pour accroître la production agricole. "Le Bénin dispose d'assez de terres cultivables pour accroître la production agricole. Au plan physique, seulement 17%, soit environ 1 375 mille hectares de la superficie agricole utile sont annuellement cultivés avec 60% consacrés aux principales cultures vivrières. De même sur 60.000 hectares de bas-fonds disponibles, 7 000 hectares seulement, soit 11%, sont exploités. Il existe 1 500 hectares de périmètres aménagés en exploitation partielle, tandis que 117 000 hectares de plaines inondables et vallées peuvent être mis en valeur", a-t-il révélé. Selon le Notaire, Me Ganiou Adéchy, le système foncier rural du Bénin est marqué par un dualisme où coexistent le régime foncier de droit moderne et le régime de droit coutumier (plus prépondérant). "Ce dualisme ne permet pas de résoudre les problèmes d'insécurité foncière qui se posent aux exploitants agricoles et constitue un handicap de taille à l'intensification agricole", a-t- il déploré. Pour lui, le droit moderne, qui institue l'immatriculation des terres débouchant sur le titre foncier, demeure inaccessible à la majorité de la population, en raison du coût et de la complexité de la procédure (moins de 1% des terres sont immatriculées au Bénin. "La quasi-totalité des terres demeure sous le statut coutumier caractérisé par des règles et pratiques séculaires ne reposant pas sur l'écrit, et source d'insécurité, notamment dans les régions à forte pression agro-foncière", a-t-il révélé. "Cette situation ne permet pas l'utilisation de la terre comme actif financier pour l'accès au crédit agricole. Par ailleurs, les arrangements entre détenteurs de terres et exploitants sont précaires en raison de la non utilisation des instruments de formalisation ; ce qui constitue une contrainte à une bonne gestion de la fertilité des sols et un frein à l'adoption de nouvelles technologies recommandées en la matière", a-t-il expliqué. L'agriculture constitue la principale source de création de la richesse économique du Bénin. Selon un récent rapport du ministère béninois de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche, la contribution du secteur agricole au PIB du Bénin était de 34,3% sur la période 1995-2005 et de 30,48% sur la période 2005-2008. Plus de 60% des actifs masculins et 35,9% des actifs féminins réellement occupés exercent une profession agricole. Ce rapport a par ailleurs révèle que sur les 11 millions d'hectares de surface brute que compte le Bénin, un peu moins de 60% sont aptes à l'agriculture, révèle.