Le géant pétrolier britannique BP a proposé d'augmenter sa part dans le numéro un du pétrole russe Rosneft, avec lequel il avait vu une alliance stratégique échouer en 2011, une proposition jugée très intéressante par le P-DG du groupe russe, Igor Setchine. Il a été proposé d'acquérir des actions dans Rosneft et d'augmenter la part de BP dans la compagnie publique. Cette proposition est très intéressante, a déclaré M. Setchine, cité par les médias russes, en marge d'un forum économique à Sotchi (sud de la Russie). Selon l'agence Ria Novosti, BP avait déjà acquis 1,3% des actions de Rosneft en 2006, lors de l'introduction en Bourse du groupe russe. Cette proposition a été faite mardi soir lors d'une rencontre entre le président russe Vladimir Poutine, le P-DG du major britannique Robert Dudley, et le président de son conseil d'administration, Carl-Henric Svanberg, ainsi que M. Setchine. Selon les médias russes, cette réunion était consacrée au projet de Rosneft de racheter les 50% de BP dans sa coentreprise en Russie, TNK-BP, qui est l'un des plus beaux actifs du britannique mais dont la gouvernance est devenue de plus en plus difficile en raison de relations conflictuelles entre actionnaires. M. Setchine n'a toutefois pas explicitement précisé vendredi que cette acquisition d'actions par BP entrait dans un schéma spécifique de rachat par Rosneft de 50% dans TNK-BP. Une telle transaction permettrait au britannique de se relancer en Russie, où il a essuyé une série de revers ces dernières années. BP a l'ambition d'être un investisseur en Russie pour les décennies à venir, a déclaré un porte-parole de BP. Si nous réussissons à vendre notre part dans TNK-BP, nous serions intéressés pour investir une partie des revenus en achetant des actions dans Rosneft, a déclaré ce porte-parole. Il a ajouté que le groupe était en discussions avec Rosneft mais aussi avec les actionnaires russes de TNK-BP, le consortium AAR, qui a fait part en juillet de son intérêt pour racheter tout ou partie des actions de BP dans la coentreprise. En 2011, Rosneft et BP ont vu échouer leur projet d'alliance pour exploiter en commun une région de l'Arctique russe, en raison de l'opposition d'AAR. Ce dernier avait réussi à le faire bloquer par la justice, en arguant que BP avait violé le pacte d'actionnaires de leur coentreprise. Celui-ci prévoit que le britannique réalise tous ses projets en Russie et en Ukraine via TNK-BP. Rosneft a depuis conclu des alliances avec l'américain ExxonMobil, le norvégien Statoil et l'italien Eni. Selon des sources proches des négociations citées cette semaine par des médias, Rosneft est en négociations avec des banques pour obtenir de 10 à 15 milliards de dollars afin de financer une partie de cette acquisition, et envisagerait en plus de faire participer BP à son capital à hauteur de 12,53%, en faisant son deuxième plus gros actionnaires après l'Etat russe. M. Setchine a indiqué vendredi que Rosneft envisageait de faire cette acquisition via des instruments de marché et sans prêt ni injection de capital. Il a par ailleurs indiqué que Rosneft n'envisageait pas pour l'instant d'acquérir à son tour des actions dans BP. Ce n'est pas une priorité, a-t-il dit. Le projet d'alliance pour l'Arctique, qui pesait au total près de 16 milliards de dollars, prévoyait pour sa part un échange de participations croisées entre les deux compagnies, au terme duquel Rosneft devait détenir 5% du capital de BP, et BP 9,5% de celui de Rosneft.