Selon une étude de la Banque européenne de l'investissement (BEI), les émigrés algériens auraient transféré 3 milliards d'euros vers l'Algérie. La même étude révèle aussi que chaque année, pas moins de 15 milliards d'euros sont transférés par des travailleurs du sud de la Méditerranée, émigrés en Europe vers leur pays d'origine. Des transferts qui dépassent les investissements directs étrangers (IDE) (6,5 milliards d'euros) dans les pays étudiés : Algérie, Tunisie, Maroc, Egypte, Liban, Syrie, Jordanie, Turquie, selon le même document. Les ressortissants algériens à l'étranger (estimés à 1,2 million, dont 95% en France) ont transféré vers leur pays de 1,5 à 2 milliards d'euros par an durant la période étudiée (1996-2003), soit l'équivalent de trois fois les revenus des exportations hors hydrocarbures, estimés à 800 millions de dollars. Néanmoins, ces transferts sont dans leur majorité effectués par des circuits informels. Selon l'étude de la BEI, 7 milliards d'euros circulent, chaque année, dans le secteur informel. Il faut dire que l'enjeu est important et les différents établissements financiers se la disputent. Pour l'instant, se sont les opérateurs spécialisés dans les transferts financiers qui ont pignon sur rue. D'ailleurs, ce marché est particulièrement lucratif. Par exemple, l'Américain Western Union, qui détient 17% du marché européen en 2006, facture 19 euros pour l'envoi de 150 euros au Maroc, assortis de frais de change. En Algérie Western Union dispose de plus de cent points de contact, notamment au niveau de la poste. Néanmoins? de plus en plus de banques, notamment françaises s'attèlent à arracher quelques parts de marché. Après la Société générale, c'est autour du groupe Caisse d'Epargne de s'intéresser de très près aux transferts des émigrés. Celui-ci a d'ailleurs décidé d'accélérer sa stratégie de développement ciblée sur les 25% de sa clientèle d'origine maghrébine. Spécialisé dans les produits d'épargne grand public, la Caisse d'Epargne a pris, il y a un an, 23,45 % du Crédit immobilier et hôtelier (CIH), numéro deux du crédit immobilier au Maroc. Lundi dernier, le groupe français a lancé, via la Caisse d'Epargne Provence-Alpes-Corse, une offre de financement immobilier au Maroc et la commercialisation d'une offre de transfert de fonds en partenariat avec le CIH. Concrètement, la Caisse d'Épargne propose à ses clients une série de programmes immobiliers couplés à un financement en euros et dirhams ainsi qu'une garantie bancaire. Les transferts de fonds pourront se faire gratuitement de compte à compte entre la Caisse d'épargne et le CIH jusqu'à 12 500 euros. Ce partenariat avec un établissement financier marocain doit permettre à la Caisse d'Épargne d'étendre, à terme, cette offre en direction de l'Algérie. But : mettre la main sur une partie des sommes en devises transférées par les immigrés algériens vers leur pays. Estimés à plusieurs milliards d'euros par an, ces transferts empruntent souvent les voies informelles, pénalisant à la fois l'État algérien et les banques qui assistent impuissantes à ce phénomène.