La 2e conférence de la Femip sur "Les transferts financiers des migrants dans l'espace euro-méditerranéen : un levier pour le développement" s'est tenue les 22 et 23 du mois courant à Paris, à l'initiative de la Banque européenne d'investissement (BEI) et de la Fédération bancaire européenne (FBE). La conférence de la Femip sur les transferts des migrants a recommandé d'améliorer la transparence du marché des transferts "par la mise en place de plates-formes électroniques d'information, destinées aux communautés de migrants, qui renseignent sur les coûts des canaux disponibles et les services offerts". En organisant cette conférence, la Femip, qui est de fait devenue la banque de développement euro-méditerranéenne et qui a pour mission d'accélérer la modernisation des économies des pays partenaires méditerranéens, souhaite susciter une prise de conscience dans trois domaines à savoir baisser les coûts supportés par les migrants dans leurs opérations de transfert, et ainsi renforcer leur capacité économique envers leurs pays d'origine, et favoriser les coopérations entre les banques européennes et des pays partenaires pour assurer un meilleur accès des migrants aux services financiers et explorer les conditions d'une valorisation réussie des flux financiers des migrants pour financer le développement des pays d'origine. Cette conférence qui a réuni une quinzaine de présidents de banques européennes et méditerranéennes, les représentants de cinq Banques centrales (BCE, France, Liban, Algérie, Turquie), des dirigeants d'organisations internationales (OCDE, Banque interaméricaine de développement, Banque africaine de développement) et d'agences de développement (AFD, DFID, KFW), d'institutions de micro-finance et de communautés de migrants, a permis de faire deux constats et d'identifier trois domaines prioritaires d'action. Dans le domaine des transferts financiers des migrants, l'Euro-Méditerranée accuse un retard sur les expériences développées dans le reste du monde. Ce retard se situe au niveau de la "bancarisation des migrants en Europe -à l'exception notable des communautés turques en Allemagne, et au contraire de ce dont bénéficient les Latino-américains en Amérique du Nord, en Espagne ou au Portugal ; du lien actif entre transferts et investissement productif, du fait de la faible bancarisation et du manque d'information des communautés concernées, et du recours aux mécanismes innovants pour soutenir le développement économique, à l'exception notable des banques turques et au contraire des banques mexicaines, par exemple. Ainsi, outre les circuits informels qui n'offrent aucune sécurité, "les migrants n'ont souvent le choix qu'entre les services postaux et les agences spécialisées dans les transferts ; cet environnement peu concurrentiel se traduit par des conditions financières peu compétitives (parfois aggravées par l'application de taux de change arbitraires) qui réduisent d'autant la capacité des migrants à contribuer au développement de leurs pays d'origine". Plusieurs expériences de bancarisation des migrants sont développées de part et d'autre de la Méditerranée, notamment de la part des banques turques, marocaines et tunisiennes, mais aussi de plusieurs établissements européens, en particulier mutualistes et d'épargne, qui ont entrepris de bancariser les migrants en tenant compte de leurs spécificités. La 2e conférence FEMIP sur les transferts financiers des migrants dans l'espace euro-méditerranéen a identifié trois domaines prioritaires d'action. Le premier porte sur la transparence du marché des transferts et passe notamment " par la mise en place de plates-formes électroniques d'information destinées aux communautés de migrants qui renseignent sur les coûts des canaux disponibles et les services offerts ". Mais la conférence estime que " l'effort doit porter sur la diversification des moyens de transfert ", et "appelle de ses vœux l'ouverture des réseaux et services postaux des pays d'origine à des coopérations bancaires, au nord comme au sud ". Le second domaine prioritaire porte sur "la modernisation du système bancaire des pays partenaires et la systématisation des partenariats entre établissements du Sud et du Nord en vue de mettre en place des "services financiers miroirs" aux migrants et de promouvoir la reconnaissance mutuelle de l'historique bancaire et économique des clients de part et d'autre de la Méditerranée". Dans ce cadre, la conférence souhaite soutenir la formation des personnels bancaires des pays du sud à la gestion du risque et invite à la définition d'un cadre réglementaire adéquat à l'interconnexion des systèmes de paiement entre banques du sud et du nord. Le troisième domaine d'action porte sur "le renforcement du lien entre transferts financiers et investissement dans les pays d'origine. La FEMIP accompagnera la réalisation de ces priorités, tout d'abord en sensibilisant à ces problématiques son Conseil ministériel (composé des ministres des Finances de l'Euro-Méditerranée) lors de leur prochaine réunion, fixée aux 13 et 14 mai prochain à Chypre, afin d'esquisser des décisions de principe relevant de la gouvernance économique de l'Euro-Méditerranée en matière de gestion des flux financiers générés par les migrants. Par ses financements et l'assistance technique, la FEMIP continuera d'œuvrer au renforcement capacitaire des systèmes bancaires des pays partenaires en vue de faciliter leur rapprochement avec leurs homologues de l'Union autour de la fourniture de services bancaires aux migrants. En matière de titrisation, la FEMIP, qui appuie une première expérience au Liban, pourra aider à transposer ce mécanisme à d'autres pays de la région. Les émigrés algériens auraient transféré deux milliards d'euros vers l'Algérie, selon une étude de la Banque européenne de l'investissement (BEI). En effet, cette étude révèle que chaque année, pas moins de 15 milliards d'euros, dont 7 milliards dans le secteur informel, sont transférés par des travailleurs du sud de la Méditerranée émigrés en Europe vers leur pays d'origine. Des transferts qui dépassent les investissements directs étrangers (IDE) (6,5 milliards d'euros) dans les pays étudiés : Algérie, Tunisie, Maroc, Egypte, Liban, Syrie, Jordanie et Turquie