Avez-vous vu quelqu'une sur les plages d'Alger ou d'ailleurs, foutre la tête à l'intérieur d'un ouvrage ? Avez-vous rencontré sur une place publique ou alors dans les transports en commun, un lecteur assidu ? Le plaisir de la lecture n'est malheureusement pas lié aux vacances, à l'été et à la détente. Loin s'en faut. Qu'ils soient campeurs dans les forêts, les plages ou piscines, les Algériens n'ont pas pour tradition de sélectionner quelques ouvrages, qui feront partie d'une lecture estivale. Rares sont les gens qui lisent. Et çà, même les libraires les plus réputés de la place d'Alger vous le diront. Pendant les Salons internationaux du livre, le rush est souvent remarqué du coté où le livre religieux est présenté sous toutes les coutures. "Ces ouvrages coûtent moins cher ici. Çà fait d'abord du bien d'avoir le Coran dans la bibliothèque, pourquoi pas de l'offrir" soutient Rachida étudiante à la fac de droit. De son côté, Ali Bey, gérant de la librairie du Tiers-monde signale que le coût du livre est tel que sa vente en pâtit. Est-ce que le livre est une priorité ? Non, ce n'en est pas une, car comme l'ont toujours soutenu les acteurs de la chaîne du livre, " le citoyen préfère se payer le dernier portable au lieu de s'acheter un livre d'aventure !" Qu'à cela ne tienne ! Les Algériens ne sont pas des dévoreurs de bouquins, n'empêche qu'il n'ont pas évolué comme partout ailleurs dans un environnement où la chose livresque est sacralisée, est regardée comme une valeur sûre qui pourrait sauver son possesseur. Les Algériens n'ont pas connu les espaces didactiques dans lesquels existe une bibliothèque scolaire achalandée de textes colorés qui parlent de fée et de serpents venimeux. Ils n'ont pas connu cette bâtisse, fixée aux alentours de chez eux et qu'on appelle la bibliothèque municipale. C'est de là que prennent les excellentes habitudes d'aller nourrir son esprit. Que l'on ne s'étonne pas de voir que le livre n'est dans aucun espace vacancier. La lecture, qui est avant tout un apprentissage régulier, s'entretient aussi au sein d'une famille et d'une société soucieuse d'une éducation citoyenne. Et encore, les librairies qui existent dans l'Algérois focalisent plutôt sur des ouvrages datés, que l'on peut retrouver dans n'importe quel espace de ce genre. Les librairies restent ouvertes et vendent. Mais quoi ? ça dépend des périodes. Selon les libraires du centre, pendant le Ramadhan c'est le livre religieux et culinaire qui se vend le mieux. En été, en revanche, les rares gens qui lisent se rabattent sur les succès de Paolo Coello ou alors de Amine Malouf. Le roman algérien a également la cote pendant cette période et, les ouvrages de Yasmina Khadra en tête. Alors comment pousser les Algériens à prendre le goût de lire ? Avec les bibliobus ? Que contiennent ces autos que gèrent souvent des personnes qui n'ont aucune formation. Un mélange d'ouvrages vieillots. Si la plupart des Algériens ne lisent ni en été ni en hiver, c'est qu'on ne leur a pas appris à forger sa tête aux sources de cet intarissable pouvoir qu'est le livre.