Photo : Sahel De notre correspondant à Sidi Bel Abbès Mohamed Medjahdi C'est beau de voir des gens dans des librairies en train de chercher un livre ou une revue. C'est là sans doute le premier signe qui montre que la lecture n'est plus aux oubliettes, et que les férus existent encore malgré la cherté des ouvrages. Ce constat est fait dans la ville de Sidi Bel Abbès, lors de notre enquête sur la lecture. «Souvent, le livre n'est autre qu'un miroir. Les livres réfléchissent des pans de notre vie et de nos pensées. L'été venu, pour échapper à la routine menaçante, on se plonge dans les pages d'un livre et on se laisse happer par le flot des mots et les images en cascade que nous offrent les écrivains. Nous prenons le temps de nous baigner dans cette douceur et nous lâchons les amarres pour voguer vers des rivages de terres inconnues où nous jetons l'ancre», dira un lecteur que nous avons rencontré entre les rayonnages d'une libraire en quête d'un livre intéressant. Selon le propriétaire d'une autre librairie que nous avons visitée, les gens achètent le titre recherché malgré les prix élevés. «Il est vrai que ce n'est pas la grande affluence, mais on veut croire qu'il y a un début de retour de la lecture avec les clients qui nous visitent chaque jour», dira un vendeur. D'ailleurs, les livres ont repris leur place bien en vue dans les librairies, et tout au long de l'année, ils se succèdent dans les rayons. Ils sont là à attendre le jour où ils accrocheront le regard et susciteront l'intérêt d'un lecteur, non plus pour une consultation à la sauvette mais pour une acquisition. Et l'été semble être la saison qui se prête le mieux à la lecture. «La littérature et ceux qui la font fascinent. La fiction réinvente le monde, le regarde à la loupe et repousse les frontières. Elle vous emmène dans un monde qui vous fait oublier les rigueurs de la saison et de la vie. Elle vous permet de vous évader par l'esprit, faute de pouvoir le faire par le corps […]», dira un lecteur invétéré. La lecture pour tous, nous explique-t-on auprès des libraires, est l'une des initiatives culturelles et sociales les plus importantes dans la vie des citoyens de la région, qui, ces dernières années, ont compris son rôle, facteur qui a donné un poids considérable à la diffusion du livre au sein de la société Abbassi. Cependant, la dotation des bibliothèques en ouvrages et la construction d'espaces de lecture, infrastructures inaugurées par la ministre de la Culture lors de sa dernière visite dans la wilaya, prouvent que la politique de promotion de la lecture publique est en application dans cette région. Notons que, dans la région de Sidi Bel Abbès, les titres les plus vendus sont ceux qui traitent du fikh, et en deuxième position les ouvrages et les nouvelles éditions algériennes et internationales. La lecture dans la wilaya de Sidi Bel Abbès, explique-t-on, semble avoir été épargnée par la révolution numérique que l'industrie du DVD a généralisée, et le lecteur a encore le plaisir de tourner les pages au lieu de cliquer sur les boutons d'une souris face un écran.