Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a nommé comme envoyé spécial pour le Sahel l'ancien chef du gouvernement italien Romano Prodi, a annoncé, avant-hier, le porte-parole de l'ONU Martin Nesirky. M. Prodi sera chargé de coordonner les efforts de l'ONU pour mettre au point et appliquer une stratégie régionale intégrée pour le Sahel, une région qui connait d'énormes problèmes humanitaires et de sécurité. Il consultera les pays de la région et les organisations régionales, a expliqué M. Nesirky. M. Prodi devra aussi susciter, soutenir et coordonner l'engagement international en appui aux efforts des pays du Sahel pour régler cette crise complexe, y compris en se concentrant dans un premier temps sur le Mali, dont le nord est contrôlé par des islamistes extrémistes. La décision de principe de nommer un envoyé spécial pour le Sahel avait été prise lors d'une réunion à haut niveau tenue en marge de l'Assemblée générale de l'ONU fin septembre mais aucun nom n'avait alors été annoncé. Bamako et ses voisins ouest-africains souhaitent que l'ONU donne sa bénédiction à une intervention militaire panafricaine pour reconquérir le nord du Mali, contrôlé par des islamistes. La France, en pointe sur ce dossier, veut faire adopter rapidement par le Conseil de sécurité une résolution visant à préparer le terrain pour ce feu vert des Nations unies. Plusieurs autres candidats avaient été évoqués pour ce poste, dont l'Algérien Said Jinnit, représentant de M. Ban pour l'Afrique de l'ouest, l'ancien président nigérian Olusegun Obasanjo ou le président sortant de la Commission de l'Union africaine (UA), le Gabonais Jean Ping. M. Prodi sera basé en Italie et sera assisté par une équipe, a précisé M. Nesirky. Romano Prodi, 73 ans, avait été chef du gouvernement italien entre 1996 et 1998 puis de 2006 à 2008. Il a également présidé la Commission européenne de 1999 à 2004. Surnommé il Professore (le professeur), une référence à sa première carrière de professeur d'économie et à son abord austère, il a montré des talents de négociateur habile et pugnace, d'abord à la tête de l'Institut pour la reconstruction industrielle (IRI), la plus importante holding publique italienne à partir de 1982, puis en politique où il s'est lancé dix ans plus tard, à 50 ans passés. De 1999 à 2004, il a supervisé à Bruxelles deux étapes historiques de la construction de l'Union européenne: l'introduction de l'euro et l'élargissement à 25 pays membres. A nouveau à la tête du gouvernement italien à partir de 2006, il avait mis des soldats italiens à la disposition des opérations de maintien de la paix de l'ONU, notamment au Liban.