Les voitures sont de plus en plus nombreuses, les conducteurs, de plus en plus nerveux, une situation vécue chaque jour, notamment en cette période de chaleurs. En fait, la circulation automobile dans le périmètre urbain de Béjaïa prend, en ce début d'été, des allures de "psychodrame", encombrements, bruits et pollution usent les nerfs et fatiguent la ville. En plus du parc automobile de la wilaya estimé à près de 90 000 véhicules particuliers et 4 000 bus, s'ajoutent, chaque jour au moins, 30 000 autres voitures supplémentaires du fait des visiteurs, insérés dans un réseau, non seulement figé mais déjà saturé, si bien que matin et soir se succèdent et s'allongent, à chaque carrefour et dans chaque avenue, des bouchons et partant, des nuisances collatérales multiples. "La situation devient intolérable", constate, O. Rachid,fonctionnaire de son état, qui découvre accablé, qu'il met deux fois plus de temps pour rejoindre son lieu de travail ou pour rentrer chez lui, qu'habituellement. "C'est doublement pénalisant, dès lors ou en plus de l'allongement des temps de déplacements, on rentre plié à la maison à cause de tout le stress lié à la conduite et aux longues attentes aux carrefours", relèvera-t-il, mettant en cause, les incivilités et les irresponsabilités des autres automobilistes. Dans une déclaration, à la limite de la litanie, il décline un long "chapelet" d'écarts et d'inconvenances subis à bord de sa voiture. Il y a les plus pressés, doués pour slalomer entre les voitures et talonner hargneusement les autres usagers,. Il y a ceux qui, visiblement, abhorrent les créneaux, préférant se garer en double file, parfois sans même prévenir avec leur clignotant. Il y a encore les flâneurs, qui se croient tout permis, en calant leur vitesse au plus bas niveau en empêchant par-là les autres de progresser. Il y a les mordus du téléphone, qui, malgré l'interdiction de l'utiliser en conduisant, génèrent des "bazars" alors qu'ils peuvent se rabattre sur la route. Idem pour ceux qui s'arrêtent au milieu de la chaussée ou en double file dans un virage pour prendre un journal ou un sandwich, et qui considèrent, "qu'après eux, c'est le déluge", et qui tous, consciemment ou inconsciemment participent à l'engorgement des routes et rendent l'acte de conduire plus pénible, racontera blasé cet automobiliste. A cela Rachid affiche une mine décontenancée. "Je n'arrive pas à m'expliquer comment un homme, qui paraît courtois, poli et discipliné dans son quartier ou dans son boulot ne soit plus le même dès qu'il prend le volant, devenant agressif, irrespectueux, et parfois même injurieux", s'interroge-t-il ahuri, fulminant, contre ce qu'il appelle "une nouvelle race de conducteurs insolents au plus haut point" qui font fi, selon lui, de "la notion de priorité et les règles de savoir-vivre leur sont totalement étrangères", clamera-t-il dénonçant particulièrement une frange de jeunes "parvenus" qui n'hésitent pas, d'après lui, "à étaler au travers de leur voiture le signe de leur réussite ou succès". En fait, pour beaucoup, ces incivilités ne sont, en partie, que "l'expression de l'état du réseau, non seulement étroit mais aussi obsolète", relèvera, H. Salah, cadre à la Direction de l'urbanisme, qui estime au demeurant que "la ville est mal irriguée en voies de circulation, malgré un effort certain pour opérer, à chaque fois si besoin est, de nouvelles ouvertures". "Il y'a une réelle contrainte à cause du manque d'espace urbain disponible", notera-t-il, prônant " l'option d'aller vers des échangeurs et trémies qui restent, face à l'accroissement du trafic véhicules, l'unique alternative". Seulement, y voit-il, "cette politique n'a de chance de réussir que sous réserve que soit dessiné et mis en œuvre un nouveau plan de circulation de la ville afin de réorganiser de façon volontariste les espaces de déplacement, intégrant la voiture, le transport en commun, le vélo et le piéton". Il reste que Béjaïa qui souffre globalement d'exiguïté, de par sa construction en amphithéâtre sur un flanc de montagne, ne peut résoudre ces problèmes de déplacement qu'en révisant globalement ses projets d'urbanisme, dont le plus urgent, selon les spécialistes, passe par l'évacuation des unités industrielles situées quasiment en zones habitables, ainsi que certaines structures administratives en dehors de son périmètre urbain.