Des vies brisées dans un amas de tôle, des routes de plus en plus tueuses, des deuils à n'en plus finir. Les bilans se suivent et ne se ressemblent pas, le nombre d'accidents et de morts étant toujours en hausse. Le fléau ne fait que s'amplifier, le véhicule est devenu un instrument de mort, que l'on lance à une allure folle vers un destin funeste. Pour soi-même et pour les autres. Triste réalité à laquelle nous sommes confrontés quotidiennement, et que l'on appréhende en permanence. Des chauffards de plus en plus nombreux font des moyens de locomotion des machines à tuer, les routes font de plus en plus peur pour ce qu'elles sont devenues. Des couloirs menant droit aux cimetières. Personne ne peut prétendre ignorer cette situation dramatique tant les chiffres macabres nous sont régulièrement lancés à la figure, mais ceux que ces chiffres interpellent ont une propension à les oublier très vite, quand il ne les ignorent pas carrément. Peu de conducteurs utilisent leur véhicule comme un moyen pour atteindre leur destination, les fous du volant, eux, foncent sur les routes avec le sentiment de planer et d'être les maîtres du monde. Leur plaisir fait fi du danger que constitue leur comportement, et la tragédie est souvent au bout de leur chemin. La mort ne fait pas de différence, elle emporte autant ceux qui l'ont bravée que ceux qui se trouvaient sur leur sillage. Combien de familles sont décimées chaque jour, souvent pour avoir croisé des conducteurs inconscients. Des enfants sont tués ou estropiés par des bolides lancés à toute allure à l'intérieur des agglomérations où les habitants vaquent à leurs occupations et doivent forcément traverser la chaussée. Des véhicules faisant partie de cortèges nuptiaux finissent dans un fracas effroyable, des noces devant sceller l'union de deux êtres se transforment en deuil. La presse se fait chaque jour l'écho de drames incommensurables causés par des jeunes, mais aussi par des moins jeunes. Pour ces terroristes de la route, c'est «droit devant», au mépris des vies humaines. Grisés par la vitesse, et pour beaucoup, par le fait d'être à bord d'une voiture dernier cri, ils «oublient» qu'ils ne sont pas seuls, que leur parcours est aussi celui des autres. Il est triste de dire que les citoyens, autant les automobilistes que les piétons, sont des morts en sursis dès qu'ils se placent sur une trajectoire devant les mener à une destination. C'est dire à quel point l'inconscience fait office de comportement chez beaucoup d'entre nous. En dépit des campagnes de sensibilisation, notamment les spots diffusés par la télévision et montrant des accidents dans toute leur horreur, on détourne le regard. L'hécatombe se poursuit dans toute sa monstruosité. R. M.