L'Espagne a obtenu, avant-hier, un répit de la part des agences de notation avec la décision prise par Moody's d'éviter de déclasser la dette publique du pays au rang des investissements spéculatifs. L'agence américaine a annoncé qu'elle maintenait à "Baa3" la note de solvabilité financière qu'elle attribue à l'Espagne. La décision de Moody's prise à l'issue d'un examen approfondi entamé en juin (véritable épée de Damoclès pour Madrid) permet à l'Espagne de se maintenir aux yeux des trois grandes agences de notation dans la catégorie des pays en mesure de faire face à leurs obligations de manière adéquate. En effet, si Standard and Poor's a abaissé de deux crans le 11 octobre la note qu'elle attribue à la dette publique espagnole à long terme, cette note est équivalente au "Baa3" de Moody's.Au début du mois, Fitch, avait confirmé à "BBB" la note qu'elle attribue à l'Espagne, soit un cran au-dessus de celles de S&P et Moody's. L'Espagne reste néanmoins sous la menace des agences, puisque, comme S&P, Moody's associe une "perspective négative" à la note du pays, signe qu'elle pourrait l'abaisser encore à moyen terme, ce qui relèguerait automatiquement les obligations d'Etat espagnoles dans la catégorie des valeurs à haut risque. Moody's a indiqué que le maintien de la note de l'Espagne découlait de trois "évolutions positives" survenues depuis juin. En premier lieu, la "volonté" affichée par la Banque centrale européenne (BCE) "d'entreprendre des achats purs et simples d'obligations d'Etat espagnoles pour empêcher qu'elles ne fluctuent trop". Pour l'agence, "l'Espagne demandera probablement une ligne de crédit de précaution au Mécanisme européen de stabilité" (MES), qui vient d'être mis en place, ce qui devrait permettre à la BCE de lancer un programme de rachat d'obligations espagnoles sur le marché secondaire de la dette. D'autre part, estime Moody's, l'Etat espagnol a fourni les "preuves" de "son engagement inébranlable à mettre en œuvre les mesures de réforme budgétaires et structurelles qui sont nécessaires pour stabiliser" sa dette. L'agence note de plus "le processus en cours devant mener à la restructuration du secteur bancaire espagnol et améliorer la solvabilité des banques" fragilisées par la crise. En résumé, ajoute le texte, "Moody's pense que le soutien de la zone euro et de la BCE associé aux propres efforts de l'Etat espagnol devraient permettre à ce dernier de continuer à avoir accès aux marchés de capitaux à des taux raisonnables, lui fournissant ainsi le temps nécessaire pour qu'il stabilise sa dette au cours des quelques années à venir". La "perspective négative" associée à la note de l'Espagne tient compte de plusieurs facteurs de risques, explique l'agence américaine. Elle juge en particulier probable que la qualité de crédit de l'Espagne soit affectée par des difficultés à mettre en œuvre les réformes promises. Moody's, pour qui la possibilité que la Grèce sorte de la monnaie unique reste "un risque majeur pour tous les pays les plus faibles de la zone euro", estime en outre que l'Espagne n'est pas à l'abri de "chocs au niveau de la zone euro", qui pourraient résulter par exemple "de l'absence de progrès concrets" vers une intégration fiscale et budgétaire plus poussée. Si l'un de ces risques venait à se matérialiser, l'agence indique qu'elle abaisserait "très certainement" la note de l'Espagne, "potentiellement de plusieurs" crans. Nette détente des taux d'emprunt après cette décision Les taux d'emprunts espagnols se détendaient nettement, hier matin, sur le marché obligataire, les investisseurs saluant le répit accordé à l'Espagne par Moody's qui n'a pas relégué la dette du pays dans la catégorie des investissements spéculatifs. Peu après l'ouverture, le rendement de l'emprunt à 10 ans de l'Espagne reculait fortement à 5,588%, contre 5,805% la veille sur le marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise. Cette décision permet à la quatrième économie de la zone euro de se maintenir aux yeux des trois grandes agences de notation dans la catégorie dite investisseurs, c'est-à-dire des pays en mesure de faire face à leurs obligations de remboursement.