L'agence d'évaluation financière Moody's a annoncé, avant-hier soir, qu'elle envisageait d'abaisser à moyen terme la note de solvabilité maximale (AAA) qu'elle attribue à la France, à la Grande-Bretagne et à l'Autriche, et a abaissé celle de six autres pays européens. Moody's a publié un communiqué sanctionnant neuf pays de l'Union européenne susceptibles, selon elle, d'être affectés par les risques financiers et macroéconomiques grandissants émanant de la crise de la zone euro. Un mois jour pour jour après que sa concurrente Standard and Poor's eut privé la France et l'Autriche de leur triple A, l'agence américaine a indiqué qu'elle attribuait désormais une perspective négative au AAA qu'elle-même attribue à la France, à la Grande-Bretagne et à l'Autriche. L'annonce de Moody's intervient également au lendemain du vote en Grèce du programme d'austérité exigé par les créanciers du pays, qui devrait aboutir à l'adoption par la zone euro d'un plan de sauvetage d'une ampleur sans précédent dans le monde. La perspective négative associée à la note de ces trois pays tient compte de la présence d'un certain nombre de pressions de crédit susceptibles d'exacerber la sensibilité des finances publiques de ces Etats et leurs programmes d'austérité à toute nouvelle dégradation de la conjoncture économique et de la situation financière européennes, écrit l'agence. Moody's a indiqué également avoir abaissé la note de solvabilité de l'Italie d'un cran, à A3, celle du Portugal d'un cran à Ba3, et celle de l'Espagne de deux crans à A3. La Slovaquie et la Slovénie sont, elles, sanctionnées par un abaissement de note d'un cran, à A2, et Malte voit sa note abaissée d'un cran également, à A3. Moody's indique par ailleurs qu'elle envisage d'abaisser encore à moyen terme les notes des six pays dont elle vient de diminuer la notation de crédit. L'agence écrit que les principales raisons justifiant ces décisions sont l'incertitude entourant premièrement les perspectives de réformes structurelles du budget et de l'économie de la zone euro et, deuxièmement les ressources qui seront mises à disposition pour faire face à la crise. Autre facteur d'explication selon Moody's, le fait que les perspectives pour l'économie européenne sont de plus en plus médiocres, ce qui menace la mise en œuvre des programmes d'austérité et les réformes structurelles nécessaires pour promouvoir la compétitivité. Pour l'agence, ces facteurs vont continuer d'affecter la confiance fragile des marchés vis-à-vis de l'Europe. Moody's écrit cependant que l'engagement des autorités européennes à préserver l'union monétaire et à mettre en œuvre toutes les réformes nécessaires pour restaurer la confiance des marché est un facteur important ayant limité l'ampleur des ajustements de notes annoncés, avant-hier. L'agence indique qu'elle considère appropriées les notes AAA qu'elle attribue à l'Allemagne, au Danemark, à la Finlande, au Luxembourg, aux Pays-Bas, à la Suède et au Fonds européen de stabilité financière (FESF), de même que les notes de la Belgique (Aa3), de l'Estonie (A1) et de l'Irlande (Ba1). Moody's continue cependant d'étudier le cas de Chypre, dont elle pourrait abaisser la note (Baa3) comme elle l'a annoncé en novembre.