Comme tout peuple colonisé, le peuple algérien a le droit d'exiger de l'ancien occupant la réparation morale et la reconnaissance de ses crimes commis en Algérie. Face à cette exigence, dont la légitimité se fonde sur l' " assainissement " des relations algéro-françaises, le président français, François Hollande, à l'occasion du 51èmeanniversaire des massacres du 17 octobre 1961, a fait un pas " franc " en avant pour exprimer de " bonnes intentions " pour peut-être tourner la page de répression coloniale. Le Premier ministre, M. Sellal, en réaction aux propos du président français, a déclaré : " La prochaine visite du président français en Algérie constitue un gage de volonté de tourner cette page de l'histoire, sans signifier l'oubli ". En effet, dans la mémoire collective, un souvenir particulièrement fort remonte en permanence en surface au sein du peuple algérien, celle d'une occupation qui a durant 132 ans a fait payer aux Algériens un grand tribut, celui du sang et du sacrifice versé pour vaincre le colonialisme. Cinquante et un ans après la tragédie sanglante d'octobre 1961, François Hollande sans aucune hésitation, a bien rendu " hommage à la mémoire des victimes ". C'est peut-être sa nouvelle vision de la nature des rapports qu'il veut entretenir durant son mandat présidentiel avec l'Algérie. Peut-être, aussi, un signe précurseur d'un esprit débarrassé des " vestiges " du passé entretenus par son prédécesseur à l'Elysée. Cet hommage est sans doute une occasion historique pour les Socialistes au pouvoir de prouver qu'ils recherchent à éliminer une certaine mentalité, un comportement, dont n'avaient jamais été exclues la volonté ou les velléités de la droite française envers l'Algérie, afin d'éviter de développer une entente d'une même type qui a été à la base de celle franco-allemande. Les adversaires politiques à cet hommage rendu par François Hollande aux victimes du 17 octobre, ont vite fait de réagir à ce pas historique qui s'ouvre entre les deux pays. Ils condamnent cette reconnaissance des faits par la France officielle. Les partis politiques UMP, FN et les pieds-noirs multiplient les déclarations et se lancent dans de grandes manœuvres de confusion. Les François Fillon (UMP) et Marine le Pen (FN) poursuivent leur dérisoire attachement très étroit de la " légalité " de l'occupation de l'Algérie par la France en défendant son impunité sur les crimes commis. En dépit de ces hautes voix des thuriféraires de la droite française et des nostalgiques de l'Algérie française, personne ne douterait de la responsabilité de la France coloniale en Algérie, qui a été des plus sanglantes. Uu peuple durant plus d'un siècle maintenu dans les " marges " de l'histoire, c'est-à-dire, spolié de tous ses droits, de sa souveraineté et de sa liberté sur son propre territoire. C'est dire tout le comble de l'anachronisme de la droite française, qui se refuse à marquer les relations quotidiennes entre les deux pays par la sérénité. En bref, une position tout à fait en accord avec tous ceux qui s'accrochent encore à maintenir en veille ce contentieux colonial en vue de creuser plus un fossé immense quant à la ratification du Traité d'entente entre les deux pays et les deux peuples. Pour les Algériens, ce qui fera date, c'est surtout l'esprit qui suivra, ce travail de mémoire inauguré par François Hollande. Peut-être un autre regard. En effet, le Sénat français va étudier mardi prochain, en séance publique, " une proposition de résolution " du groupe communiste tendant à la reconnaissance de la répression de la manifestation du 17 octobre 1961. A l'Assemblée nationale française, le Front de gauche a annoncé, mercredi, que son groupe déposait une proposition analogue à celle des sénateurs communistes. " Son adoption serait un geste de concorde à l'adresse du peuple algérien, ce peuple ami ", a souligné le Front de gauche dans un communiqué. En d'autres termes, la manière dont la majorité socialiste se comportera à l'égard de ce devoir de mémoire revendiqué par le peuple algérien constituera un test qui permettra de juger l'avenir entre les deux pays.