François Hollande, le seul président français à dénoncer les massacres du 17 Octobre, un geste qui l'honore Il est temps d'exorciser les démons du passé qui sont autant d'obstacles à une bonne relation entre l'Algérie et la France. La droite française n'apprécie pas du tout la reconnaissance de François Hollande de la sanglante répression de la manifestation du 17 octobre 1961 à Paris. François Fillon, prétendant à la présidence de l'UMP et Marine Le Pen, chef du FN, ont dénoncé ce qu'ils considèrent comme un discours de culpabilité. Cette reconnaissance suscite aussi la réaction du président du groupe parlementaire de l'UMP, Christian Jacob. Tous estiment en gros que l'histoire doit être laissée aux historiens. François Fillon va loin dans ses provocations en évoquant ce qu'il qualifie de «massacres des harkis». Quant à Christian Jacob, il estime qu'il est «intolérable de mettre en cause la police républicaine et avec elle la République tout entière», même s'il n'était «pas question de nier les événements du 17 octobre 1961 et d'oublier les victimes». Les premiers à répondre à ces déclarations sont les Algériens qui soulignent qu'ils n'ont aucun complexe à se faire vis-à-vis de l'ouverture des archives. C'est ce qu'a fait Abderrahmane Belayat sur les télévisions françaises. Ces propos sont ensuite jugés «consternants et odieux» par le Parti socialiste. Le Front national a également très mal pris les déclarations de Hollande et a fustigé un acte qu'il assimile à la «repentance» ajoutant que c'est «profondément diviseur de la société française» que de se livrer à de telles déclarations. La droite met en avant d'autres arguments aussi fallacieux les uns que les autres pour se voiler la face. Elle considère par exemple que c'est une trahison de l'héritage de Charles de Gaulle et de Mitterrand que de reconnaitre les crimes de la France car ces deux présidents n'ont jamais rien fait de la sorte. Ces affirmations prouvent que la droite a aussi la mémoire courte. Chirac et Sarkozy ont tous deux eu des mots très forts pour condamner le colonialisme. L'ambassadeur de La Villardière en a fait de même lorsqu'il s'agissait d'évoquer les massacres de Mai 1945. En fait, il est difficile de ne pas voir dans cette levée de boucliers des considérations en lien avec la politique intérieure de la France car la droite ne cesse de faire des déclarations censées contribuer à attirer l'électorat de l'extrême droite. La droite ne ménage également aucun effort pour s'opposer à la politique de Hollande que ce soit en France ou dans le domaine des relations internationales. La position de la droite tend non seulement à entraver la politique de Hollande mais elle se dresse aussi comme un écueil face aux intérêts français en Algérie: ce que les gouvernements des deux pays ne peuvent pas tolérer. D'autres initiatives comme le projet de traité d'amitié préparé par Chirac ont été torpillés pour ne pas donner aux relations avec l'Algérie une nouvelle impulsion. En accumulant les bourdes à propos de cette affaire, la droite fait montre d'une hypocrisie car elle est incapable de s'élever au niveau intellectuel de la gauche. François Hollande, en reconnaissant les massacres de Paris témoigne au contraire d'un rare courage politique et d'une honnêteté intellectuelle exemplaire. C'est avec la même exemplarité que Hollande sera reçu à Alger dès le début du mois de décembre. Ce sera la preuve que l'Algérie fait confiance au PS et qu'elle ne doute pas des intentions de François Hollande. Tous ces gestes sont des gages pour bâtir l'avenir sur la base du respect des intérêts mutuels. L'Algérie ne se dérobera pas à ses devoirs quelles que soient les difficultés éprouvées par la France qu'elle soit d'ailleurs dirigée par la droite ou par la gauche. L'avenir, c'est aussi des relations expurgées de scories du passé comme tend à le confirmer la perspicacité politique de Hollande dont la visite à Alger est attendue avec enthousiasme. Lui au moins ne cherche pas des échappatoires pour disculper la France comme l'ont fait ses adversaires de la droite. L'histoire, Hollande, l'assume jusqu'au bout et non à travers des bribes. De toute façon, le peuple français a une conscience et il ne tardera pas à pousser ses gouvernants à multiplier les gestes similaires à ceux initiés par Hollande. Un geste que les Algériens ont beaucoup apprécié. C'est une nouvelle voie qui est ouverte dans les relations entre l'Algérie et la France. Il est effectivement temps d'exorciser les démons du passé qui sont autant d'obstacles à une bonne relation entre les deux pays.