Beaucoup a été dit sur le risque d'une augmentation du prix du sachet de lait resté à 25 dinars, mais rares étaient ceux qui ont pensé au prix du lait en poudre destiné aux bébés qui a connu une hausse de près de 15%, ou encore à la hausse du prix du pot de yaourt, du beurre ou du fromage. En effet, les produits laitiers ont connu des hausses même successives en l'espace de quelques mois. On peut, également, s'attendre à d'autres hausses des prix d'ici la fin de l'année. Il faut dire que l'Algérie n'est pas à l'abri des fluctuations du marché mondial où l'offre a diminué, alors que la demande ne cesse de croître. L'Afrique paye plein pot. Aujourd'hui, le coût de ses importations augmente et la production locale, longtemps concurrencée par le produit importé, n'est pas encore prête à prendre le relais. De son côté, la FAO avait confirmé, début juin, ce qui paraissait encore inimaginable voici un an. " Les prix des produits laitiers atteignent actuellement des niveaux historiques ", en hausse de 46 % depuis novembre 2006. Ce qui se traduit déjà sur les marchés locaux en Europe et en Afrique. La demande accrue en produits laitiers de la part de la Chine et de l'Inde devrait faire flamber encore les prix de 10% à 40%. En Europe, le patron du groupe agroalimentaire français Danone a annoncé, mardi, dans une interview au quotidien Le Figaro qu'il allait augmenter de 2,5% le prix de ses produits laitiers frais. Les prix des produits de grande consommation comme les yaourts, les fromages, les crèmes et le lait devraient augmenter en moyenne de 4% à 5% d'ici la fin de l'année. En Allemagne, le prix d'une plaquette de beurre devrait augmenter de 50%, celui du fromage blanc de 40%, et celui du lait de 10 à 20%, d'après une prévision de la fédération allemande de l'industrie laitière. Certains jugent ces augmentations de prix "très exagérées" étant donné que le lait ne compte que "pour moins de la moitié, ou moins d'un tiers du prix du produit fini". De part et d'autre, on pointe du doigt l'augmentation très rapide de la demande, tirée par le boom des produits laitiers déshydratés, en Chine et en Inde. Dans le même temps, la production européenne stagne. La faute aux quotas européens qui ne suivent pas, se plaignent les producteurs allemands. Alors qu'en France, le nombre de producteurs laitiers diminue de 5 000 par an. Ces derniers se reconvertissent dans les céréales (le biocarburant) plus rémunérateurs et moins pénibles à produire. Du coup, les 100 000 producteurs ne réalisent même plus le maximum de quotas alloués par Bruxelles jusqu'en 2015. Un effet ciseaux. A l'autre bout du continent, à l'île Maurice, à cause de ces fluctuations de prix, les importateurs de lait en poudre commandent en moins grandes quantités et n'ont plus de stocks massifs. Pourtant, depuis douze ans, la production mondiale de lait n'avait cessé d'augmenter, de plus de 20 %. Les principaux producteurs étaient, outre l'Union européenne, l'Inde et la Chine, l'Océanie, le Brésil et l'Argentine et les Etats-Unis. Mais ces derniers mois, production et exportations ont baissé, et les prix augmentent. Les analystes, dont la FAO, convergent sur les causes de cette évolution. Quoi qu'il en soit, certains facteurs déterminants sont déjà clairs. D'abord, la sécheresse en Australie (qui entraîne une baisse des exportations de la Nouvelle-Zélande), puis la taxe à l'exportation de 2 000 $ US par tonne décidée par l'Argentine, la suspension des exportations indiennes pour satisfaire son marché interne et enfin, la diminution des subventions à la production et à l'exportation du lait des pays européens. L'offre des principaux produits laitiers échangés (la poudre de lait et le beurre) a diminué, alors que la demande mondiale, elle, a augmenté de 5 %. Résultat : sur le marché international, la tonne de poudre de lait écrémé européenne qui se vendait 2 615 dollars il y a un an, est proposée à 4 890 dollars début juin. Les pays importateurs, au premier rang desquels l'Afrique, sont donc frappés de plein fouet. Plusieurs d'entre eux ont pris des mesures, généralement ponctuelles comme c'est le cas en Algérie et au Maroc. Chez nous, l'Etat a décidé de subventionner le lait en sachet pour que son prix reste accessible. Le Maroc a, quant à lui, supprimé la taxe à l'importation. Mais ces mesures ne valent qu'à court terme, alors que la faiblesse de l'offre risque de durer, tout comme la hausse de la demande.